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source : grey-pride

Pour les vieux séropositifs, arriver à 60 ans devrait être la célébration d’une victoire…

ACTIONS TRAITEMENTS organisait vendredi 22 novembre dernier un colloque sur « Vivre avec le VIH après 60 ans »

Plusieurs intervenants ont présenté l’état des études sur les facteurs de risques et les autres pathologies fréquentes (comorbidités) qui touchent les personnes âgées séropositives.

Lorsqu’on a vécu 20, 30 ans avec le VIH, que l’on a vu mourir nombre de ses amis, en arrivant à l’âge de la retraite, on souffle, en se disant : «Je n’y croyais pas et pourtant je suis toujours là ! Maintenant foutez-moi la paix avec le SIDA, je suis un survivant ! »

On comprend que, suite à l’exposé des résultats des études médicales qui montrait des résultats assez inquiétants, les réactions furent marquées par l’angoisse et la lassitude de participants : «Vous m’annoncez encore des mauvaise nouvelles ? Arrêtez, je n’en peux plus !»

Je ne vais pas faire un exposé détaillé des différentes présentations, mais globalement on peut dire que toutes les études montrent une augmentation importante pour les PVVIH (Personnes Vivant avec le Virus du VIH) de multi-pathologies ( diabète, insuffisance rénale, risques cardio-vasculaires, cancers, dépressions… ) avec comme conséquence des risques d’interactions médicamenteuses liées aux polymédications.

Cependant la plupart de ces études ne prennent pas en compte la typologie sociale des populations étudiées et font une comparaison avec la population générale. Il est évident que l’orientation sexuelle, l’identité de genre, la toxicomanie, la précarité, l’isolement social sont des facteurs loins d’être neutres et ont des effets sur l’état de santé et l’espérance de vie des populations étudiées.

Quelques données factuelles…

Le nombre de personnes séropositives de plus de 60 ans est en constante augmentation et représentera 30% des personnes séropositives en 2030, soit 65 000 personnes.

La répartition géographique de cette population est très hétérogène et concerne en particulier, l’Ile-de-France, les Alpes Maritimes et les dom-tom (Mayotte).

Les obstacles liés à la discrimination, l’isolement, la précarité ont comme grave conséquence de rendre plus difficile l’accès au soin.

L’accueil et le suivi des vieux séropositifs doit faire l’objet d’une prise en charge adaptée et multidisciplinaire associant médecin généraliste, infectiologue et gériatre.

Des formations nécessaires

Que ce soit dans les secteur de l’aide à domicile où dans les institutions d’hébergement de personnes âgées, le personnel aidant/soignant est rarement formé à l’accueil des personnes séropositives. Mais parler de séropositivité nécessite aussi d’aborder les thèmes comme la sexualité des personnes âgées, l’orientation sexuelle, l’identité de genre et les problèmes de santé propres aux minorités. Tous ces thèmes ne sont jamais abordés lors de la formation initiale des intervenants.

Il faut très rapidement, et en priorité dans les territoires ayant le plus de personnes séropositives, déployer des formations sur la sexualité et le VIH. GERONFOR (organisme de formation de la FNAQPA) en collaboration avec GreyPRIDE proposera en 2020 des modules de formation sur ces thèmes ainsi qu’un label «GreyPRIDE Bienvenue» pour les EHPAD et l’aide à domicile.

Mais bien vieillir n’est pas qu’un problème médical !

Lorsqu’on parle de notre âge, de notre vieillissement, cela fait écho à notre finitude, et ce n’est pas parce qu’on est survivant du VIH que l’on y échappera et aucun médecin ne nous donnera la pilule de l’immortalité.

Cependant nous pouvons rester acteur de notre «bien vieillir» qui ne concerne pas que les aspects de santé : s’occuper de soi, continuer à avoir des liens sociaux, familiaux, amoureux, avoir une sexualité, conserver un rôle social, avoir un logement adapté, autant de sujets essentiels pour notre qualité de vie.

L’isolement premier facteur de risque

Les discriminations vécues par les populations séropositives, à cause du VIH ou de leur parcours de vie, de leur sexualité, de leur identité de genre ont comme conséquence d’accentuer un isolement déjà vécu par la population des personnes âgées en général.

Ces difficultés se cumulent avec l’expression d’un «agisme» dans notre société qui réduit les personnes âgées à une identité de vieux, de vieille ou a un objet de soin.

Pouvoir reprendre son destin en main, c’est d’abord changer de regard sur la vieillesse et penser que nous pouvons conserver l’intégrité de notre identité et notre désir de vivre.

Il est donc essentiel de se re-mobiliser collectivement et de retrouver des lieux de solidarité et de convivialité pour échanger, agir, se soutenir. GreyPRIDE va prochainement ouvrir un lieu de ce type, une maison sur Paris pour permettre de faire des rencontres, trouver des ressources et se sentir moins seul-e.

Une solidarité retrouvée

On voit bien que les messages purement liés à la santé ne peuvent passer que si les conditions de vie des personnes sont correctes. A quoi sert de dire : «Arrêtez de fumer ! » à une personne qui vit dans des conditions misérables et qui n’a plus le désir de vivre (le tabac est un facteur de risque aggravant spécifiquement pour les PVVIH).

Nous avons combattu toute notre vie, alors ce n’est pas pour finir maintenant seul dans notre coin. Nous devons réagir, continuer de nous battre et inventer de nouvelles solidarités.

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