Source : neonmag.fr
The Aids Memorial rassemble plusieurs milliers de portraits d’hommes et de femmes décédé·es du Sida. Ce compte Instagram a été créé par un Ecossais pour rendre hommage à ces milliers de personnes qui, pendant longtemps, n’ont été que des chiffres révélant les ravages du VIH.
Ils n’étaient jusque-là que des chiffres, ils ont désormais un visage. Ces hommes et ces femmes qui apparaissent sur les photos jaunies sont des pères, des mères, des frères, des soeurs, des amant·e·s atteint·e·s du VIH, décédé·e·s à cause de ce dernier. Beaucoup sont des hommes, Américains, et la plupart sont décédés dans les années 80-90, époque où le SIDA fait rage.
Aujourd’hui, ils sont en pleine lumière grâce au travail d’un mystérieux instagrameur. Les seules informations que nous connaissons sur lui : son prénom (Stuart), et sa nationalité (écossaise).
Cette page compte désormais 51 500 abonnés, et près de 4000 photos ont été postées.
A côté de ces photos vieillies, les descriptions sont longues et poignantes. Les internautes, ami·e·s, familles, amoureux et amoureuses, ont décidé de partager un court instant de la vie de leurs proches. Par ces posts Instagram, ils leur rendent hommage, se remémorent les beaux moments, la douceur de la vie, et la beauté des sourires figés sur les visages de leurs proches désormais absents.
« Bobbi Campbell a été l’un des pionniers du militantisme contre le Sida, et le premier à faire son coming-out publiquement. Bobbi sensibilisait la population pour réduire la stigmatisation liée à la maladie. Son travail était tellement important! Mais ce dont je me rappelle le plus c’est l’ami qu’il était, et les moments amusants que nous avons partagé. VIVRE. C’est ce qu’il m’a enseigné ».
« Mon merveilleux mari. Paul Earl Williams. Paul a été diagnostiqué malade du SISidaDA en novembre 1988. Il est mort le 4 novembre 1991 aux urgences, des suites de complications liées au Sida. Il avait 44 ans. Nous allions fêter nos 10 ans de vie commune. C’était un homme FABULEUX, c’était l’homme de ma vie. Intelligent, drôle, ouvert d’esprit, un cuisinier déluré, toujours un livre dans la main. Cette photo a été prise au printemps de 1982. Nous étions ensembles depuis quelques mois seulement. J’avais 26 ans, il en avait 34. Je ne vis pas dans le passé, mais je continue à penser à lui chaque jour. 99% du temps je vais bien, mais 1% du temps mon coeur continue de saigner pour lui. Après tout il EST l’amour de ma vie. Il aurait dû l’être. Je t’aime. My little sweetie. Merci de m’aimer ».
Un moyen d’apporter un soutien à ce compte bouleversant
« Mon merveilleux papa me manque chaque jour. C’est ma photo préférée. Elle a été prise par Christopher Little, du NY Times. Je donnerais n’importe quoi pour sentir sa présence près de moi. Je suis contente qu’il ne voit pas ce qu’il se passe dans ce pays. Mais, malheureusement, il ne serait pas surpris. Il avait un réel recul sur la nature profonde de l’Amérique, il savait que du sang avait coulé à l’origine. Il m’a appris beaucoup de choses, sur la complexité de ce pays, il m’a appris des vérités difficiles à entendre. C’est pourquoi je ne suis pas tellement surprise des faits qui se déroulent actuellement aux Etats-Unis. Mais il y a des moments comme celui-ci où ses encouragements infinis et sa sagesse me remplissent de courage. C’est ça qui me manque. Ça, et rire avec lui. Il me manque. Je t’aime “Billy Wicks” »
Stuart a créé un tee-shirt avec le logo de « The Aids Memorial ». Plusieurs personnes l’ont acheté et se sont prises en photo en le portant fièrement. Un moyen d’apporter un soutien à ce compte bouleversant, de rendre hommage à toutes ces victimes du Sida, et de sensibiliser les autres. Une partie des bénéfices sera réversée à Housing Works, une structure qui vient en aide aux personnes atteintes du VIH pour leur assurer un logement décent.