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SIDA : des virus cachés dans les plaquettes chez les patients traités, avirémiques mais en échec immunologique

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source: institutcochin

Une étude publiée dans la revue Science Translational Medicine montre que les plaquettes de patients infectés par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) hébergent le VIH infectieux, malgré une thérapie antivirale combinée efficace supprimant la charge virale dans le sang. Chez ces patients, la présence de VIH dans les plaquettes est fortement corrélée à l’échec de rétablissement de réponse immune T CD4+. Les chercheurs montrent in vitro que les plaquettes peuvent propager le virus infectieux aux macrophages, l’un des réservoirs tissulaires du virus, établissant une voie alternative de dissémination du VIH vers ce type de réservoir.

Le rôle des plaquettes dans l’hémostase est bien connu, mais récemment, d’autres fonctions leurs ont été attribuées. Ainsi, les plaquettes interagissent avec des pathogènes, bactériens ou viraux. Il avait été récemment montré in vitro que les plaquettes capturaient le VIH. Les chercheurs démontrent ici la présence de VIH infectieux dans les plaquettes isolées de patients infectés par le VIH, malgré une suppression virale réussie par la thérapie antirétrovirale combinée (cART).

Reconstructions 3D d’images de plaquettes contenant du VIH. La moitié de la plaquette est montrée et les pointillés jaunes détourent la limite du plan de section. La surface et les membranes internes des plaquettes sont en vert (marquage par des anticorps anti-CD41), le virus dans des compartiments intra-plaquettaires est en rouge (marquage par des anticorps anti-p24).

Parmi les patients ayant une cART efficace sur la diminution de la charge virale, 20 à 30% sont en échec immunologique ne parvenant pas à rétablir une réponse immune correcte c’est à dire un nombre de cellules CD4+ après au moins 12 mois de traitement (dits patients non répondeurs immunologiques). Les chercheurs ont comparé les statuts immunologiques des patients ayant ou non du virus dans leurs plaquettes et montré que la présence de VIH infectieux dans les plaquettes des patients est en forte corrélation avec l’échec immunologique.

Les plaquettes sont issues des mégacaryocytes de la moelle. Les chercheurs ont également observé que les mégacaryocytes de patients en échec immunologique étaient infectés par le VIH ce qui expliquerait que les plaquettes qui en dérivent contiennent du virus. D’autre part, les plaquettes finissant leur vie en étant phagocytées par des macrophages, la transmission du VIH infectieux des plaquettes aux macrophages tissulaires a été testée in vitro : les plaquettes qui contiennent du VIH peuvent propager l’infection in vitro aux macrophages selon un processus qui peut être inhibé par l’agent thérapeutique antiplaquettaire, Abciximab.

En conclusion, cette étude met en lumière la physiopathologie du VIH en décrivant une autre voie de dissémination virale : les plaquettes jouent le rôle de transporteurs transitoires de virus infectieux, contribuant à entretenir le réservoir viral au niveau des macrophages tissulaires des patients sous traitement antirétroviral. La présence de plaquettes contenant le VIH est liée à une récupération immunologique médiocre chez les patients infectés par le VIH traités par des antirétroviraux. Elle constitue une cible potentielle pour la conception de stratégies thérapeutiques plus efficaces contre l’échec immunologique qu’on ne sait pas traiter à ce jour et sur la prévention des rechutes de l’infection.

 

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