Source: seronet.info
Le 18e congrès de la SFLS (Société française de lutte contre le sida) a traité de nombreux sujets lors des plénières comme des différentes sessions parallèles proposées les 19 et 20 octobre derniers. Militante à AIDES, Jana Morales a participé à ce congrès et fait le point sur les sessions auxquelles elle a participé.
Pour améliorer le dépistage, ce premier 90 % qui nous hante et que nous n’arrivons pas à atteindre — ces personnes qui sont séropositives mais ne le savent pas —, il faut travailler sur le quatrième 90 %, la qualité de vie de personnes vivant avec le VIH, selon Eric Cua, infectiologue du CHU de Nice. Comment arriver à toucher cette épidémie cachée ? Pour avoir envie de se faire dépister, il faut faire reculer la stigmatisation et la discrimination qui pèsent sur les personnes séropositives à tel point que la dicibilité reste compliquée. Comment on le dit et avec quelle aide ?
Selon Eve Plenel, coordinatrice à la Mairie de Paris du plan « Vers Paris sans sida » (« et sans les putes », selon Thierry Schaffauser du Strass, cela dit en passant), il y a encore des infectiologues qui ne promeuvent pas le Tasp auprès des personnes vivant avec le VIH, alors que les personnes concernées de la « vieille » génération ne se sont pas habituées. Il faudrait trouver la bonne formule… des messages clairs, sans ambiguïté, positifs, tel que U=U, indétectable=intransmissible. Il y a du travail à faire pour passer le message dans le grand public.
Selon l’enquête internationale Positive Perspectives de Finkielsztejn (laboratoire ViiV HealthCare) auprès de personnes vivant avec le VIH, 70 % de participants étaient des hommes qui ont de relations sexuelles avec des hommes, 77 % présentaient une co-morbidité avec une autre maladie, 46 % présentaient de l’anxiété et/ou dépression (on comprend bien les recommandations du rapport Morlat sur l’importance d’une prise en charge psychologique suffisante), 30 % avaient des troubles de sommeil. Un sur deux n’était pas satisfait avec sa vie sociale, un sur quatre avait peur de révéler son statut sérologique, un sur sept s’inquiétait des effets du traitement. De plus, 82 % disaient percevoir ou vivre des situations de stigmatisation, 61 % parlaient d’auto-stigmatisation, 53 % avaient vécu une stigmatisation sociale, 46 % une stigmatisation verbale. Je me dis que c’est énorme, même si je n’ai pas des chiffres pour comparer avec la population générale.
Comment faire pour réduire ce sentiment de stigmatisation ? Selon Eric Cua, cela passe par l’éducation du grand public et par une meilleure formation de professionnels de la santé (personnel para-médical, généralistes, infirmiers, dentistes, etc.), par une communication positive et une dédramatisation de la séropositivité, par l’éducation thérapeutique des personnes vivant avec le VIH, par l’information. Présent à la table ronde, Franck Barbier, militant à AIDES (secteur Nouvelles stratégies de santé) a, de son côté, mis l’accent sur l’importance du plaidoyer contre les lois discriminatoires.
Il ne faudra pas oublier la « vieille » génération de personnes séropositives, elle diminue, mais elles sont là, bientôt avec le statut de « personnes âgées ». Comment bien vieillir avec le VIH ? Beaucoup des questions se posent sur l’accueil en Ehpad ou la création de projets spécifiques pour exercer son droit à vivre dans la dignité.
« Mobilisme » de l’épidémie cachée
Dans son intervention sur les vulnérabilités et réponses urbaines au sida en Afrique de l’Ouest, Daouda Diouf, de l’association Enda Santé, du Sénégal, nous explique que dans son pays on est encore loin de la cascade 90-90-90. Pour nous donner une idée de l’épidémie dans cette région, il indique que les chiffres de la cascade sont : « 36-28-12 ».
Il nous présente un projet de cartographie de vulnérabilité au VIH, prenant en compte la mobilité des groupes où la prévalence est forte, la dimension spatio-temporelle et une approche territoriale locale. L’équipe qui a conduit ce travail était formée de dix personnes : personnes concernées, acteurs et actrices de l’offre de santé, sociologues et anthropologues. Ils se sont rendu compte que l’offre de la prévention et le dépistage et les populations vulnérables n’étaient pas aux mêmes endroits. Autrement dit, il y avait parfois un décalage voire une inadéquation entre les besoins et l’offre à certains endroits. Il fallait aller vers, au bon moment. Connaître les jours et les heures de forte affluence selon les endroits où les populations vulnérables au VIH sont ou vivent, s’adapter à leurs pratiques.
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