Source : Ouest France
La technologie innovante de l’ARN messager, utilisée pour les vaccins contre la Covid-19, redonne de l’espoir aux scientifiques dans la recherche d’un vaccin contre le VIH. En France, 6 200 nouveaux cas sont recensés chaque année.
La recherche sur le Covid-19 va-t-elle faire avancer celle sur VIH, virus responsable du sida ? Des scientifiques l’espèrent.
Les vaccins à ARN messager, technique novatrice utilisée par les laboratoires Pfizer/BioNTech et Moderna contre le Covid-19, inspirent les chercheurs dans leur quête d’un vaccin contre le virus du sida. Cette méthode pourrait s’avérer efficace contre le syndrome d’immunodéficience acquise.
Quelle différence entre le VIH et le Covid-19 ?
Si ces deux maladies sont causées par deux virus à ARN, c’est-à-dire que son matériel génétique est constitué d’acide ribonucléique, elles n’ont pas d’autres points communs.
L’une des difficultés du virus du sida, c’est qu’il mute bien plus rapidement que le nouveau coronavirus. Le système immunitaire a donc plus de mal à le combattre. De quoi rendre quasi impossible jusqu’ici la recherche d’un vaccin efficace.
Mais l’ARN messager est une piste intéressante à explorer : « C’est une innovation dans la maladie infectieuse qui a montré son efficacité pour le Covid donc ce pont vers le VIH est tout à fait naturel et même encouragé », explique Serawit Bruck-Landais, directrice du pôle recherche du Sidaction qui a lieu du 26 au 28 mars, sur franceinfo.
Concrètement, comment fonctionne un vaccin à ARN messager ? Le principe consiste à faire produire les fragments d’agent infectieux directement par les cellules du patient vacciné. « Pour cela, ce n’est pas le virus dans sa forme atténuée qui est injecté mais seulement des molécules d’ADN ou d’ARN codant pour des protéines de l’agent pathogène », nous expliquait l’Inserm, il y a quelques semaines.
« Les cellules de la personne vaccinée localisées au niveau du site d’injection (principalement les cellules musculaires et les cellules du système immunitaire) sont alors en mesure de fabriquer elles-mêmes lesdites protéines, choisies en amont pour leur capacité à déclencher une réponse immunitaire significative et protective », poursuit l’institut.
Des recherches menées à Lyon
Si, pour l’instant, les leçons du Covid-19 n’ont pas permis de développer un vaccin contre le VIH, les recherches vont bon train. « Une équipe à Lyon travaille dessus », annonce Serawit Bruck-Landais, toujours sur franceinfo. La chercheuse évoque aussi des collaborations d’entreprises à l’international pour « voir si cette stratégie vaccinale est applicable pour le VIH. Pour l’instant c’est le tout début ».
Selon le site d’informations Atlantico , le laboratoire américain Moderna travaille sur le développement de deux vaccins à ARN Messager contre le VIH : le mNRA-1644 et le mNRA-1574.
Pour ce virus, la complexité est que la présence d’anticorps ne bloque pas l’infection. Moderna tente donc, via son sérum, de provoquer l’apparition d’anticorps « inédits » plus efficaces pour stimuler davantage l’immunité cellulaire que les vaccins testés à ce jour, ce qui semble être la clef d’une immunité protectrice contre cette maladie. Cependant, les scientifiques restent réservés sur cette tentative.
Un jeu de vases communicants entre les deux virus
Si le travail des scientifiques sur le Covid-19 fait avancer la recherche contre le VIH, l’inverse est aussi vrai. Il y a quelques semaines, le lancement d’un essai pour développer un vaccin préventif contre le virus à l’origine du sida était annoncé.
Il est mené par des Français, les chercheurs du VRI (Institut de recherche vaccinal), un laboratoire établi par l’Agence nationale de recherche sur le Sida (ANRS), l’Inserm et l’université de Paris-Est Créteil.
Le candidat vaccin, appelé « CD40.HIVRI.Env », repose sur une technique unique au monde. Les chercheurs ont ciblé les cellules dendritiques pour combattre les agressions du virus du sida. Ces cellules sont en fait les sentinelles de notre système immunitaire.
Concrètement, comment cela fonctionne ? Des anticorps auxquels sont accrochés des fragments de VIH sont lancés directement sur ces cellules. « On a disséqué ce qui était indispensable dans l’organisme pour induire une réponse immunitaire qui soit capable de protéger contre le virus, explique Yves Lévy, spécialiste du VIH, sur France Inter le 26 février. Ce que nous avons conçu, c’est un vaccin qui amène précisément aux cellules la quantité nécessaire du pathogène, c’est-à-dire du VIH, pour essayer d’induire les meilleures réponses immunitaires. »
Cette technologie a fait ses preuves lors des essais pré-cliniques (sur des animaux) et pourrait être utilisée pour créer des vaccins anti-Covid, selon les chercheurs.
La combinaison du vaccin testé avec un vaccin à ARN Messager pourrait amplifier la réponse immunitaire et ainsi obtenir une meilleure efficacité, notamment contre les variants. Un tel sérum contre le Covid-19 pourrait être disponible dès 2022.