Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

La prescription de la PrEP par les généralistes repoussée pour la deuxième fois.

PARTAGER SUR :

Source : Têtu

Les services du ministère de la Santé ont une nouvelle fois repoussé l’élargissement de la prescription de la PrEP aux médecins de ville. Et encore à cause d’une erreur technique.

Amateurisme ou mauvaise volonté ? L’association AIDES indique que la Direction générale de la Santé a, pour la seconde fois, repoussé l’autorisation de la primo-prescription de la PrEP par la médecine de ville. La mise en place de cette mesure commence à tourner au canular tant les erreurs techniques se multiplient.

Jusqu’à 2.400 contaminations en moins grâce à la PrEP

La mesure doit faciliter l’accès à la PrEP. Actuellement, pour commencer un traitement préventif, il faut passer par un centre spécialisé comme un CeGIDD. Le décret permettrait simplement aux médecins généralistes de pouvoir entamer le traitement, afin de le rendre accessible au plus grand nombre. D’autant que la direction générale de la Santé (DGS) estime que 1.000 à 2.400 contaminations au VIH sont évitées chaque année grâce à la PrEP qui s’avère particulièrement efficace dans la lutte contre le virus.

La Cour des comptes recommande cette mesure depuis juillet 2019. Dans un rapport, elle juge que « la France a mis en place une stratégie très ambitieuse visant à éradiquer les nouveaux cas à l’horizon 2030, mais elle ne s’est pas donnée les moyens d’atteindre ses objectifs, en particulier en matière de prévention et de dépistage ». En octobre 2019, Agnès Buzyn alors ministre de la santé annonçait que « des travaux sont en cours pour permettre aux médecins généralistes d’initier une telle prophylaxie ».

« L’affaire de quelques semaines »

Un an et demi plus tard, l’autorisation aux médecins généraliste n’est toujours pas mise en œuvre. « Une situation incompréhensible et intenable qui fait suite à une bien trop longue série d’échecs successifs sur ce dossier de santé publique pourtant primordial », regrette AIDES dans un communiqué.

Le 1er décembre 2020, après plusieurs mois de retard, Olivier Véran promettait que cette mesure serait mise en place rapidement. C’est « l’affaire de quelques semaines », assurait-il sans rire21 semaines plus tard (nous avons recompté), toujours rien. La faute de ce retard ? Une première erreur d’écriture du décret. La direction générale de la Santé avait indiqué que la PrEP devait être prescrite par des « médecins expérimentés ». Après un an de pandémie, ce décret excluait les formations en ligne.

Et aujourd’hui, rebelote. « À quelques jours de sa publication, la DGS a annoncé que le texte ne pourrait être appliqué en l’état, indique AIDES. Une décision complémentaire de l’ANSM (L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) non anticipée par la DGS est nécessaire et celle-ci n’arriverait pas avant de longues semaines. L’autorisation de la primo-prescription de la Prep par les médecins de ville est donc à nouveau reportée et aucune date n’a été précisée.« 

Interrogés le 13 avril, la direction générale de la Santé et le cabinet du ministre n’ont pas souhaité répondre aux questions de TÊTU. Relancés le 21 avril, les deux n’ont toujours pas voulu se prononcer sur un nouveau calendrier.

La lutte contre le VIH souffre du Covid

Plus que jamais, la lutte contre le VIH souffre particulièrement de la crise du Covid-19. Depuis le début de l’épidémie, les délivrances de PrEP sont en diminution de 36% par rapport aux estimations. Fin mars, 3.000 traitements étaient prescrits contre 5.500 avant le confinement. L’activité des CeGIDD a diminué : pendant le confinement du printemps, les dépistages liés au VIH ont diminué de 56%. Et les dépistages n’ont pas été rattrapés depuis. Or, « si on baisse la garde sur les dépistages, on va le payer en nouvelles contaminations« , disait à TÊTU Florence Thune, directrice générale de Sidaction.

Les associations de lutte contre le VIH regrettent également un manque criant de données. « C’est la deuxième année où l’on n’a pas de données fiables. Ça me rend hystérique. Ce manque de données nous empêche de faire efficacement notre travail de prévention« , disait en décembre dernier la présidence d’une asso de lutte contre le VIH.

PARTAGER SUR :