Source : TÊTU
Les personnes qui vivent avec le VIH peuvent être rassurées: au Royaume-Uni, les autorités sanitaires n’ont pas relevé d’effet indésirable particulier du vaccin Covid.
Mauricette est donc la première Française à être vaccinée du Covid-19, dimanche 27 décembre. Juste avant la piqûre dans le bras, la septuagénaire s’était dite « pas impressionnée« . Un sondage pour Le Journal du Dimanche montre que la France fait partie des pays les plus méfiants : seulement 44% des Français souhaitent se faire vacciner. Certaines personnes qui vivent avec le VIH s’interrogent légitimement. Qu’elles soient rassurées, il n’y a, pour l’heure, aucune contre-indication à se faire vacciner.
Dans certains pays, les PPVIH seront même prioritaires par rapport à la population générale. Les Allemands porteurs du VIH pourront se faire vacciner après les personnes âgées et le personnel médical et avant la population générale, rapporte Openly. La vaccination leur sera proposée au même moment que les personnes de plus de 60 ans et les personnes qui sont atteint de facteurs de co-morbidité.
En France, les PPVIH vaccinés en même temps que tout le monde
« Nous recommandons fortement la vaccination à toute personne qui vit avec le VIH« , indique à la Thomson Reuters foundation Michael Brady, directeur médical du Terrence Higgins Trust. Au Royaume-Uni, une personne qui est à « haut risque » (CD4 inférieurs à 50, ou compris entre 50 et 200 avec un facteur de co-morbidité) peut recevoir le traitement préventif en priorité. Ces personnes représentent une (très) faible proportion des personnes porteuses du virus.
En France, les PPVIH ne sont pas particulièrement prioritaires et, sans autre facteurs, elles pourront se faire vacciner au début du printemps, lors de la troisième phase de la vaccination. « Peut-être que les PPVIH pourront se faire vacciner avant les autres Français, mais c’est – pour une raison administrative plus que médicale. Il n’y a pas de raison médicale de vacciner les PPVIH en bonne santé en premier. Les séropos ne sont ni plus ni moins exposés au Covid que le reste de la population« , indique à TÊTU Michel Ohayon, fondateur du 190, un centre médical dédié aux problématiques des personnes LGBT+.
« En revanche, certains patients qui ont une longue histoire avec le VIH ont parfois du diabète ou des maladies inflammatoires, facteurs de co-morbidité, en raison des premiers traitements doivent se faire vacciner« , ajoute-t-il. De son côté, Aides planche actuellement sur les études scientifiques pour définir ses recommandations.
« Je me ferai vacciner »
Matthew Hodson, directeur exécutif du Aidsmap indique que le vaccin Pfizer/BioNTech et celui d’Oxford ont été testé sur des personnes qui vivent avec le VIH. « Jusqu’à présent, rien n’indique que les personnes qui vivent avec le VIH réagissent différemment au vaccin Covid que les autres« , pointe-t-il. « Personnellement, je vis avec le VIH depuis 22 ans et je me ferai vacciner sans hésitation ».
« Bien entendu, dès que cela sera possible, je me ferai vacciner contre la Covid-19. Parce que je sais, chaque jour, depuis 24 ans, ce qu’il en coûte de ne pas avoir eu de vaccin contre le VIH« , a écrit sur Twitter Florence Thune, la directrice générale de Sidaction.
Pas de souche vivante
« Aucun des vaccins en cours d’utilisation ou en cours d’examen en Europe n’utilise de souche vivante atténuée comme mécanisme de création d’anticorps, ce sont ces cellules qui pourraient potentiellement causer des problèmes aux personnes vivant avec le VIH. Pour les PPVIH, les vaccins Covid offrent les mêmes avantages qu’aux autres : empêcher de développer une forme sévère de la maladie et potentiellement de réduire la transmission du SARS-CoV2« , explique Peter Godfrey, conseiller scientifique d’Unaids.
Michel Ohayon indique que les vaccins contre-indiqués pour les PPVIH sont très peu nombreux. Et que la rapidité de la création du vaccin Covid est tout à fait justifiée. Non seulement tous les efforts ont été incroyablement concentrés et la recherche a été largement partagée. Aussi, « les outils pour mettre au point ce vaccin étaient déjà connus et ont pu être adaptés rapidement« , indique le fondateur du 190.
« 90% des personnes vivants dans les pays pauvres n’auront pas la chance d’être vaccinés »
Laura Waters, à la tête de la British HIV association, il n’y a pas « d’inquiétude d’interaction entre le vaccin et un traitement contre le VIH« . Fionnuala Murphy de Frontline Aids rappelle malgré tout que « pour la majorité des PPVIH, la question ne se posera pas : 90% des personnes vivants dans les pays pauvres n’auront pas la chance d’être vaccinés contre le Covid-19 l’année prochaine« .
Le Covid-19 a fortement affecté la lutte contre le VIH. En France, les dépistages ont reçu un coup d’arrêt avec le confinement du printemps. Leur nombre a diminué de 56% entre mars et avril. D’autant que les dépistages qui n’ont pas été effectués au printemps n’ont souvent pas été réalisés à l’été. Les chiffres concernant les délivrances de PrEP ne sont pas meilleurs : la délivrance est en recul de 36% par rapport aux attentes. Les associations de lutte contre le VIH espèrent que la vaccination massive de la population permettra de retrouver une vie (à peu près) normale.