Source : SERONET
En mai dernier, déboule une nouvelle épidémie : le Monkeypox. Rapidement, les cas se développent en Europe, dont la France. Après celle de la Covid-19, cette nouvelle épidémie suscite interrogations et craintes, notamment parce qu’elle ravive, par certains côtés, les souvenirs des débuts de la pandémie de VIH ; tout spécialement parce que la très grande majorité des cas surviennent chez les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes (HSH). Que se passe-t-il aujourd’hui pour les PVVIH exposées ou infectées par le Monkeypox ? Quelles sont les recommandations de réduction des risques et de vaccination ?
Tout démarre en mai dernier. Un premier cas humain de Monkeypox (variole du singe) est signalé en dehors d’Afrique ; continent où la maladie est endémique dans plusieurs pays, à l’ouest et au centre. C’est une première. Ce premier cas au Royaume-Uni est très rapidement suivi d’autres, principalement en Europe (Espagne, Allemagne, France, Pays-Bas, Portugal, Belgique, etc.) et aux États-Unis. En date du 24 septembre 2022, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comptabilisait au total dans le monde plus de 64 728 cas, confirmés par tests, dans 105 pays ; le continent européen comptabilisant plus de 38 % des cas. Au niveau mondial, 26 décès ont été enregistrés, aucun en France. Le premier cas français de Monkeypox est diagnostiqué en mai 2022. En date du 11 octobre, Santé publique France (SpF), l’organisme officiel qui recense les cas, indiquait 4 064 cas confirmés en France.
La région Île-de-France concentre le plus grand nombre de cas (2 482, soit 61,0 %), suivie de l’Occitanie (312 cas), de la Provence-Alpes-Côte d’Azur (275 cas) et de l’Auvergne-Rhône-Alpes (267 cas) ; 21 cas résident à l’étranger. La très grande majorité des cas confirmés adultes recensés à ce jour sont de sexe masculin et 102 cas de plus de 15 ans (2,5 %) sont de sexe féminin. La proportion de cas féminins a augmenté jusqu’à la trente-sixième semaine de l’épidémie où elle atteignait 13,6 % puis a diminué jusqu’en semaine 39 (avec 7,5 % des cas confirmés). Parmi les cas confirmés pour lesquels l’information est disponible, 91 (2,2 %) ont été hospitalisés du fait de leur infection par le virus Monkeypox ; cette proportion reste stable dans le temps. Les données actualisées montrent que le pic de contaminations a eu lieu fin juin/début juillet et que le nombre de cas confirmés a diminué depuis. Il faut néanmoins rester prudent car l’amélioration des connaissances sur la maladie peut diminuer le recours aux soins des populations les mieux informées. Plusieurs autres pays, notamment en Europe, observent des tendances similaires du nombre de nouveaux cas déclarés au cours des 3 derniers mois.
L’épidémie actuelle qui s’est développée hors du continent africain concerne principalement les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HSH). Selon les statistiques des pays, entre 95 % et 99 % des cas de Monkeypox sont diagnostiqués chez les HSH. En France, le pourcentage avoisine 97 %.
Va-t-on vers une fin de l’épidémie ?
Le 5 octobre, le JIM (Journal International de Médecine) publie un article se demandant si l’on assiste au « clap de fin » de l’épidémie de Monkeypox. Sa réponse se veut prudente. Le Pr Dominique Baudon (membre du Haut conseil de la santé publique et auteur de l’article) y explique que ces deux derniers mois, on observe une « nette diminution » des cas dans la plupart des pays. L’OMS constate que cette baisse atteint en moyenne 20 % des cas dans les pays hors Afrique, et même 50 % dans certains États américains. En France, la baisse est là, elle-aussi. Santé publique France (SpF) indique que, selon des données actualisées, le pic de contaminations s’est produit fin juin/début juillet ; depuis, le nombre de cas confirmés a diminué. « Il faut néanmoins rester prudent car l’amélioration des connaissances sur la maladie peut diminuer le recours aux soins des populations les mieux informées, explique SpF. Plusieurs autres pays, notamment en Europe, observent des tendances similaires du nombre de nouveaux cas déclarés au cours des trois derniers mois ».
Comment expliquer cette baisse ?
Plusieurs facteurs ont joué et jouent encore. En France, l’épidémie a principalement concerné un groupe : les HSH qui se sont rapidement mobilisés et organisés pour faire face, soit dans des collectifs nouveaux comme le Collectif Monkeypox, soit au sein de réseaux spontanés d’entraide, soit dans des associations ou collectifs de lutte contre le sida (Act Up-Paris, les Séropotes, TRT-5 CHV, AIDES) ou LGBT+. Ils-elles ont fait pression auprès des pouvoirs publics pour organiser une réponse à la fois rapide et opérante. Autres éléments clefs : l’existence d’un vaccin de troisième génération contre la variole humaine également efficace contre le Monkeypox, même si l’accès à la vaccination a été difficile durant les premières semaines ; la stratégie d’isolement (bien qu’elle ait été souvent très mal vécue par les personnes concernées et mal accompagnée par les autorités de santé) ; la diffusion soutenue de messages de prévention à destination des personnes les plus exposées. Le fait que la maladie a peu concerné les enfants et les femmes, même si certains-es ont été touchés-es, a évidemment joué. Enfin, les modes de transmission de la maladie ont permis une diffusion moindre de celle-ci. Le virus nécessite, en effet, pour sa transmission des contacts étroits et prolongés, peau à peau, avec les lésions cutanées occasionnées par le virus. Le virus n’est pas aussi contagieux que la Covid-19. De plus, la maladie touche surtout des personnes n’ayant jamais été vaccinées contre la variole humaine. En France, une partie conséquente de la population a été vaccinée jusqu’à l’année 84, même si cette vaccination n’était plus obligatoire depuis 1979.
41 % de PVVIH, mais pas plus de formes sévères
À l’instar de ce qui s’est passé avec la Covid-19, la question s’est rapidement posé des conséquences du Monkeypox lorsqu’on vit avec le VIH. Dans un article publié sur le site aidsmap le 31 août, on apprend qu’une proportion élevée de personnes qui ont contracté le Monkeypox vivent avec le VIH (26 % d’après une analyse au Royaume-Uni, 37 % d’après une autre analyse du Centre européen de prévention et contrôle des maladies et 41 % d’après les données du CDC américain). Une récente analyse internationale portant sur plus de 500 personnes infectées par le Monkeypox, publiée dans le New England Journal of Medicine (NEJM), fait également état de 41 % de personnes vivant avec le VIH.
Par ailleurs, parmi les personnes séronégatives qui ont contracté le Monkeypox, on trouve également une grande majorité de personnes sous Prep ou prépeurs-ses (79 % dans l’analyse britannique et 57 % dans l’analyse internationale publiée dans le NEJM). Comment expliquer une telle proportion de PVVIH ? Plusieurs pistes sont évoquées par les experts-es. Tout d’abord, le taux de prévalence du VIH parmi les HSH qui est plus important que dans la population générale. En gardant en tête que plus de 97 % des personnes infectées par le Monkeypox sont des HSH multipartenaires, il n’est donc pas surprenant de retrouver un nombre conséquent de PVVIH et de prépeurs. Par ailleurs, les PVVIH ont plus tendance à se faire dépister et à consulter des professionnels-les de santé spécialisés-es en santé sexuelle et maladies infectieuses que la population générale. D’autres avancent l’hypothèse que le préservatif (dont l’intérêt est cependant très limité pour se protéger du Monkeypox) ne serait pas utilisé de façon systématique chez les personnes sous Tasp et sous Prep multipartenaires. La bonne nouvelle est que les PVVIH qui ont contracté le Monkeypox n’ont pas développé de formes plus sévères que les personnes séronégatives. Dans l’étude internationale publiée dans le NEJM, il apparait que 95 % des PVVIH qui ont contracté le Monkeypox étaient sous traitement VIH efficace avec une charge virale indétectable et un taux moyen de CD4 à 680/mm3.
Mêmes conclusions dans une autre étude espagnole : « Nous n’avons pas observé de différences dans les caractéristiques cliniques, y compris le nombre de lésions ou la période d’incubation, entre les patients séropositifs au VIH et les autres », ont conclu les chercheurs-ses. Les experts-es se veulent donc rassurants-es quant à l’impact du Monkeypox sur la santé des PVVIH sous traitement efficace, mais alertent sur la nécessité de vacciner et soutenir les PVVIH qui n’ont pas accès à un traitement VIH efficace particulièrement dans les pays à revenus faibles ou intermédiaires. Les formes sévères se sont développées chez les PVVIH avec des CD4 à moins de 200/mm3.
Que se passe-t-il en France ?
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