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La lutte contre les papillomavirus est-elle toujours une priorité ?
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lutte contre papillomavirus

La lutte contre les papillomavirus est-elle toujours une priorité ?

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Que reste-t-il de l’annonce du président de la république du 28 février 2023, qui promettait une grande campagne de vaccination contre les papillomavirus humains (HPV en anglais) au collège à la rentrée 2023 ? À l’occasion de la journée mondiale de sensibilisation autour des maladies induites par les papillomavirus humains du 4 mars 2024, ainsi que de la conférence de presse organisée par le collectif Demain sans HPV ce 29 février 2024, ACTIONS TRAITEMENTS regrette le manque d’implication des autorités pour éradiquer ces virus et rappelle son engagement en faveur de la vaccination contre les papillomavirus.

Absence quasi-totale de concertation et d’information

Il y a un an le Président de la République annonçait le lancement d’une campagne de vaccination massive, contre les papillomavirus humains, auprès des collégien·ne·s de classe de 5e à la rentrée scolaire 2023. Comme beaucoup d’associations, nous nous sommes félicités de cette volonté apparente. Nous avions également alerté sur la nécessité d’inscrire cette initiative dans un plan plus large d’éducation à la santé sexuelle, tout en plaidant pour la diffusion d’une information auprès de tous les publics concernés : collégien·ne·s, parents, établissements et enseignant·e·s, professionnel·le·s de santé impliqué·e·s.

Oui mais voilà, il ne suffit pas de décréter une opération pour qu’elle se déroule dans de bonnes conditions et qu’elle soit couronnée de succès. Il est nécessaire d’informer les parents et les établissements en amont, leur donner les arguments qui permettront de déconstruire les fausses informations qui circulent au sujet des vaccins, phénomène accentué suite à la crise Covid-19. Les professionnel·le·s de santé (infirmiers, médecin, etc.), ainsi que les associations de santé qui ont l’habitude d’aller au contact des publics doivent être impliqué·e·s. Enfin, une évaluation solide, permettant de suivre l’évolution de la campagne, son acceptation par les personnes concernées, ainsi que ses effets sur la couverture vaccinale est primordiale.

Or, de tout cela, rien (ou presque) ne semble avoir été fait. Il ne faut donc pas s’étonner que cette campagne de vaccination soit un échec. Et au final, ce sont des adolescent·e·s non-vacciné·e·s qui développeront des verrues génitales (condylomes), des lésions pré-cancéreuses, voire des cancers dans les décennies à venir, parce qu’à un moment, les autorités ont fait le choix de ne pas impliquer tous les acteurs et actrices de cette vaccination et de ne pas mettre tout en œuvre pour que la campagne de vaccination atteigne ses objectifs.

« Qui va refuser un vaccin contre le cancer ?! »

L’objectif affiché était pourtant modeste, il consistait à vacciner 30% des collégien·ne·s. D’après les dernières estimations, moins de 10% ont reçu une première dose du vaccin fin 2023, soit environ 61 400 adolescent·e·s sur les quelques 632 000 concerné·e·s. Et encore, ces chiffres ne concernent que les établissements publics ; c’est bien connu, en établissements privés/catholiques les élèves ne sont pas concerné·e·s par les papillomavirus ! Pourtant cette opération était une occasion unique de diffuser largement une information complète et rassurante sur l’intérêt de cette vaccination. Or, les ministères concernés (santé et éducation en tête), ont fait le service minimum, c’est-à-dire : rien (ou presque) ! Alors que la crise Covid a réveillé le scepticisme à l’égard des vaccins, il aurait fallu redoubler d’efforts et de pédagogie pour favoriser l’adhésion des personnes concernées ou ciblées.

Le gouvernement, si avide de réaliser des économies, y compris dans la santé, devrait être aux avant-postes pour faire la promotion de la vaccination contre les papillomavirus humains. Imaginez : vacciner aujourd’hui (et chaque année) plusieurs centaines de milliers d’adolescent·e·s entre 11 et 14 ans, c’est épargner à notre système de santé, déjà bien mal en point, plusieurs dizaines de milliers de cancers à prendre en charge dans les décennies à venir. Est-il nécessaire de rappeler qu’une campagne de vaccination coûte bien moins cher à la solidarité nationale que la prise en charge de cancers ?

Cette question, « Qui va refuser un vaccin contre le cancer ? », c’est la Pr Christine Katlama (hôpital Pitié-Salpêtrière) qui la pose dans l’interview vidéo qu’elle a accordée à Actions Traitements début 2023, disponible sur notre chaîne YouTube. Cette vidéo est plus particulièrement destinée aux personnes vivant avec le VIH, car leur organisme est plus fragile et se débarrasse plus difficilement des papillomavirus qu’il rencontre. En conséquence, elles sont plus à risque de développer des lésions précancéreuses, voire des cancers (col de l’utérus, oropharynx, anus, vulve, pénis, etc.). En complément de cette interview, l’association a également réalisé une vidéo pédagogique qui explique, en trois minutes, les enjeux liés aux papillomavirus humains : épidémiologie, conséquences, dépistages, intérêt de la vaccination, etc.

Quelques chiffres sur l’impact des papillomavirus humains

Oui oui, même vous qui nous lisez, vous êtes très probablement concerné·e·s et donc porteurs ou porteuses d’un ou plusieurs papillomavirus humains. On considère qu’environ 80% des personnes ayant (ou ayant eu) une sexualité sont touchées par les papillomavirus humains. Heureusement, dans 90% des cas, ces virus sont éliminés spontanément par l’organisme. Mais dans les 10% restants, les conséquences peuvent être très gênantes, voire invalidantes ou très délétères.

L’intérêt de cette vaccination a déjà été maintes fois démontré. En vaccinant les adolescent·e·s avant le début de leur vie sexuelle, on les protège contre les souches de papillomavirus les plus virulentes ; celles-là même qui deviendront, au mieux des lésions, au pire des cancers tels que ceux décrits précédemment. De plus, inscrire cette vaccination dans un programme complet d’éducation à la sexualité, permettrait d’informer les ados sur tout un ensemble de sujets essentiels : risques de grossesses non désirées, prévention des infections sexuellement transmissibles (dont les papillomavirus humains), violences sexistes et sexuelles, etc. Faire l’autruche, et par la même occasion empêcher des adolescent·e·s d’accéder à une vaccination efficace est irresponsable !

Chaque année en France, plusieurs milliers de cancers sont imputables aux papillomavirus humains :

  • 3 000 cancers du col de l’utérus (100% sont imputables aux papillomavirus) ;
  • 1 700 cancers de l’oropharynx (bouche et gorge notamment) dont plus de la moitié est imputable aux papillomavirus ;
  • 2 000 cancers de l’anus, dont 90% sont liés aux papillomavirus.
  • S’ajoute à cela, les condylomes ou verrues ano-génitales, dont plus de 100 00 sont diagnostiquées chaque année ! Celles et ceux qui en ont eu savent à quel point leur retentissement sur la vie affective et sexuelle peut être particulièrement important.

Des actions et des outils d’information

Début 2023, le collectif « Demain sans HPV » a été créé à l’initiative d’une dizaine d’associations (dont Actions Traitements), avec pour objectif d’accentuer la sensibilisation et d’encourager la vaccination des personnes concernées en France. En amont de la journée de sensibilisation du 4 mars 2024, le collectif organise une conférence de presse afin de dresser le bilan de la campagne de vaccination au collège et d’en tirer les ajustements nécessaires pour atteindre l’objectif de 80% de couverture vaccinale d’ici à 2030*. L’occasion de rappeler que les associations militent pour l’élargissement de la vaccination pour tou·te·s au-delà de l’âge recommandé à ce jour : de 11 à 19 ans, avec un rattrapage possible jusqu’à 26 ans pour les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes.

Car c’est un fait : la couverture vaccinale est très en retard, en France, comparée à d’autres pays. À titre d’exemple en Australie, la couverture vaccinale supérieure à 80% (associée au dépistage) permet d’envisager une éradication du cancer du col de l’utérus d’ici une quinzaine d’années ! Ce n’est malheureusement pas l’opération de vaccination lancée auprès des collégien·ne·s de classe de 5e à la rentrée 2023 qui va faire évoluer la situation en France. D’autant qu’il n’est pas prévu d’intégrer les données de cette campagne au Système National des Données de Santé (SNDS), ce qui permettrait pourtant de suivre plus finement l’évolution et l’efficacité de la vaccination contre les papillomavirus. Le comble !

En attendant que les autorités se décident à revoir leur copie et mettent en place les actions nécessaires au bon déroulement de la campagne de vaccination au collège, nous vous conseillons vivement de suivre les actualités du collectif « Demain sans HPV » qui est particulièrement impliqué sur le sujet. Actions Traitements fait partie des dix associations qui ont co-fondé le collectif et nous veillons à y porter les sujets concernant plus particulièrement les personnes vivant avec le VIH.

Nous proposons également plusieurs outils (papier ou numérique) d’information sur les papillomavirus :

  • Consultez les vidéos sur le HPV, les cancers, et tous les autres sujets en lien avec le VIH, sur notre chaîne YouTube.
  • Commandez (ou téléchargez) gratuitement le dépliant InfoVaccin, dans lequel vous trouverez des informations sur les schémas de vaccination HPV.
  • Tous les autres outils d’information réalisés par l’association sont disponibles gratuitement sur la plateforme de commandes.
  • Posez toutes vos questions à un bénévole « écoutant expert », en contactant la ligne d’écoute d’Actions Traitements :
    • par téléphone : 01 43 67 00 00

* objectif fixé (pour les adolescent·e·s de 11 à 19 ans) par la Stratégie nationale de santé sexuelle et le Plan cancer

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