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Indétectable = Intransmissible : une arme contre la sérophobie.

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Source : Seronet

Aujourd’hui a lieu la première journée contre la sérophobie. Si on prend le sens littéral de la sérophobie, la peur des personnes vivant avec le VIH, il existe aujourd’hui un outil simple et efficace pour déconstruire cette peur : le Tasp (traitement comme prévention) plus connu dans le monde sous le slogan U = U (I = I : Indétectable = Intransmissible). Explications.

I = I : un consensus scientifique

Tout commence le 30 janvier 2008, lorsque le fameux « avis Suisse » lancé dans les médias par une interview du professeur Bernard Hirschel à l’occasion du 1er décembre 2007, est publié dans la revue médicale « Bulletin des médecins suisses ». À l’époque, le message, appuyé par la science, est une révolution dans la vie des personnes vivant avec le VIH, mais aussi pour leurs soignants-es. Tout à coup, les personnes reprennent le contrôle sur le virus et leur traitement devient un outil de prévention, le Tasp. Mais le message a parfois du mal à passer et beaucoup doutent. Que ce soient les personnes concernées à qui on a expliqué depuis toujours que le préservatif était l’unique outil de protection possible, mais aussi certains-es soignants-es qui rechignent à communiquer sur le Tasp voire qui le remettent en question.

Le 9 avril 2009, le CNS (Conseil national du sida) rend public un avis suivi de recommandations sur l’intérêt du traitement comme outil novateur de la lutte contre l’épidémie d’infections à VIH. Le document de 17 pages explique tout l’intérêt de faire connaître le Tasp aux personnes concernées, aux soignants-es et aux associations de lutte contre le VIH.

Il faut attendre mars 2014 et les résultats de l’étude Partner pour que le Tasp devienne enfin un consensus scientifique. Partner est une cohorte internationale qui a suivi pendant plusieurs années des couples sérodifférents hétérosexuels ou gays qui pratiquaient des pénétrations vaginales ou anales sans préservatif alors que le-la partenaire séropositif-ve prenait un traitement anti-VIH et avait une charge virale indétectable. Au total, l’étude a porté sur 894 couples (586 hétérosexuels et 308 gays) qui ont eu, au total, plus de 44 500 relations sexuelles sans préservatif, dont 21 000 rapports anaux (avec ou sans éjaculation). Avec ces chiffres, on estime qu’il y aurait dû y avoir 15 infections au sein des couples hétérosexuels et 86 au sein des couples gays si le-la partenaire séropositif-ve ne prenait pas de traitement anti-VIH. Mais dans l’étude, aucune transmission n’a été observée. L’étude s’est poursuivie jusqu’en 2019 avec un second volet (Partner 2) réservé aux couples gays sérodifférents. Les résultats publiés dans The Lancet, le 3 mai 2019, entérinent une bonne fois pour toute l’efficacité du Tasp. Sur 783 couples et près de 75 000 rapports sexuels sans préservatifs (et sans Prep), aucun cas de transmission n’a été observé entre les partenaires.

U = U : un message qui fait du bien

À l’origine de ce slogan, Bruce Richman de l’organisation américaine Prevention Access Campaign : « U = U était une simple campagne. Grâce à vous, c’est devenu un mouvement planétaire. L’épidémie de VIH reste un problème mondial de santé publique. U = U est une réponse immédiate à ce problème », déclarait l’activiste, en juillet 2018, lors de la conférence mondiale sur le sida d’Amsterdam.

Et ce message fait du bien aux personnes vivant avec le VIH comme l’a confirmé une étude publiée dans le journal Aids Patient Care and STDs, en octobre 2020. Une équipe de chercheurs-es, menée par le Dr Jonathon Rendina de l’Université de New York, a voulu savoir comment le message U = U  impactait l’estime de soi des hommes gays et bisexuels (HSH) vivant avec le VIH et leur perception de la stigmatisation liée au VIH dans la société. Pour répondre à ces questions, ils-elles ont conçu un questionnaire en ligne destiné aux HSH séropositifs. Au final, les chercheurs-es ont récolté les données de 30 361 participants avec un âge moyen de 38 ans.

Ce sont 85 % des participants qui ont déclaré avoir une charge virale indétectable, 10 % ont dit qu’elle était détectable et 5 % n’étaient pas certains de leur niveau de charge virale au moment de remplir le questionnaire. Les données récoltées montrent, sans ambiguïté, l’aspect bénéfique du message U = U chez les participants. Presque 82 % des répondants ont déclaré que le message U = U leur permettait de se sentir mieux par rapport à leur statut sérologique, y compris 59 % qui ont déclaré se sentir beaucoup mieux depuis qu’ils savaient qu’ils ne pouvaient pas transmettre le VIH.

En ce qui concerne la stigmatisation liée au VIH et la sérophobie, 79 % des répondants pensent que faire connaître ce message au plus grand nombre permettrait de réduire la stigmatisation, tandis que 18 % pensent que cela n’aurait pas d’impact. Les résultats de cette étude montrent que les participants avec une charge virale indétectable sont ceux qui sont le plus réceptifs au message U = U et ceux qui considèrent le plus leur observance au traitement comme « excellente ».

=> Pour lire la suite de l’article, se rendre sur : Seronet

 

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