Source : SERONET
Que se passe-t-il avec islatravir, la nouvelle molécule à longue durée d’action du laboratoire Merck (MSD) ? Le 13 décembre dernier, le laboratoire pharmaceutique a annoncé une pause dans tous les essais qui contiennent cette molécule, que ce soit en traitement VIH ou en Prep. Explications.
De nombreux essais en cours avec islatravir
L’islatravir est le premier inhibiteur nucléosidique de la translocation (INTTI) à être développé pour le traitement de l’infection par le VIH. Cette molécule a la capacité de persister longtemps dans l’organisme, c’est pourquoi elle est développée pour des prises espacées, tant comme traitement préventif (Prep, TPE) que comme thérapie pour les personnes vivant avec le VIH. En Prep, la molécule est étudiée en prise orale mensuelle et sous forme d’implant annuel sous-cutané. En traitement VIH, islatravir est étudiée en bithérapie associée avec la doravirine (Pifeltro) sous forme de comprimés quotidiens. Par ailleurs, en mars 2021, les laboratoires Gilead et Merck (MSD) ont annoncé un partenariat pour combiner leurs molécules respectives le lénacapavir et l’islatravir, afin de permettre l’administration moins fréquente d’un traitement par voies orale ou injectable. Le collectif TRT-5 CHV a listé toutes les études cliniques avec islatravir.
Baisse des CD4
Alors que beaucoup d’espoirs reposent sur cette nouvelle molécule, le 13 décembre dernier, le laboratoire annonce dans un communiqué que tous les essais cliniques contenant l’islatravir sont en pause sur demande de la FDA (Food and Drug Administration, l’agence américaine du médicament) . Cette décision intervient après le constat d’une lymphopénie (taux anormalement bas des lymphocytes CD4, cellules jouant un rôle immunitaire important) que ce soit dans le cadre d’un traitement anti-VIH ou en Prep. À ce jour, aucun nouvel essai avec cette molécule ne peut être initié, ni poursuivi et tous-tes les participants-es des essais ont arrêté de prendre l’islatravir et sont sous surveillance pour voir si leur nombre de CD4 remonte. Seule exception, les personnes qui faisaient partie des essais de switch avec la bithérapie en comprimés quotidiens islatravir/doravirine (Pifeltro) qui continueront ce traitement avec une surveillance accrue des CD4, mais l’essai n’inclura pas de nouveaux-lles participants-es.
En ce qui concerne l’étude de phase 2 évaluant l’association islatravir/lenacapavir en prise orale, MSD a confirmé la décision conjointe des deux firmes concernées (Merck et Gilead) de son arrêt.
Une posologie différente ?
« Nous n’avons pas une explication totale à ce stade », explique le Dr Michael Robertson (Merck) dans un entretien avec le site d’infos Aidsmap : « La baisse des CD4 est inquiétante, mais le profil de sécurité global d’islatravir est vraiment excellent alors on ne va pas tout abandonner avant d’avoir tout fait pour comprendre ce qui s’est passé et voir si nous pouvons aller de l’avant. Mais cela va prendre du temps (…). Quel est le mécanisme ? C’est la grande inconnue. Nous avons des hypothèses, mais pas une compréhension nette de ce qui s’est passé », précise le Dr Robertson. Et d’ajouter : « Une fois que le mécanisme et son lien avec le dosage de la molécule sera plus clair, il sera envisageable de reprendre le développement d’islatravir, peut être avec une posologie différente ». Affaire à suivre.