Source : SERONET
D’après une étude Australienne présentée sur le site aidsmap, la stigmatisation liée à l’opposition de l’ouverture du mariage aux couples homosexuels est associée à une moins bonne prévention et prise en charge du VIH chez les HSH (hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes). Explications.
Pour arriver à cette conclusion, Karinna Saxby et ses collègues de l’Université de Monash en Australie ont croisé les données d’un référendum national sur l’ouverture du mariage aux couples homosexuels en Australie avec des données de santé publique sur la prévention et la prise en charge du VIH des HSH. Près de 79,5 % des Australiens-nes éligibles au vote ont répondu à ce référendum, effectué par voie postale en 2017. Le résultat national était un vote à 61,6 % en faveur du mariage pour tous-tes. Ce taux variait selon les régions et avait tendance à être plus bas dans les régions rurales même si, étonnement, certaines régions très urbaines, comme la métropole de Sydney, avait un des taux de vote les plus élevés contre l’ouverture du mariage aux couples de même sexe (55,4 % contre). Les données récoltées sur la prévention et la prise en charge du VIH proviennent d’enquêtes annuelles nationales effectuées dans la communauté LGBT+ australienne entre 2015 et 2019.
Les chercheurs-ses ont catégorisé les régions en quatre groupes : régions avec un taux faible de stigmatisation homophobe (taux de vote contre le mariage pour tous-tes à moins de 25 %), régions avec un taux moyen de stigmatisation (taux de vote contre le mariage pour tous-tes entre 25 et 30 %), régions avec un taux moyen supérieur de stigmatisation (taux de vote contre le mariage pour tous-tes entre 30 et 34 %) et enfin régions avec un taux supérieur de stigmatisation (taux de vote contre le mariage pour tous-tes supérieur à 34 %). Important, les régions avec un niveau élevé de stigmatisation étaient également celles avec le plus de problèmes socio-économiques (chômage élevé, par exemple) et avec un accès au soin plus difficile (moins de structures médicales et moins de soignants-es).
Au final, l’étude comprend un échantillon de 43 811 HSH entre 2015 et 2019, dont 11 % qui vivent dans des régions avec un taux supérieur de stigmatisation homophobe et 59 % qui vivent dans des régions avec un taux faible de stigmatisation. Les résultats de l’étude montrent qu’un homme gay ou bisexuel qui vit dans une région avec un niveau supérieur de stigmatisation, a 7,2 % de probabilité en moins d’utiliser la Prep comme outil de prévention, 7,6 % de probabilité en moins de se faire dépister du VIH et 3 % de probabilité en moins de connaitre son statut sérologique. Un HSH vivant avec le VIH dans la région avec le niveau le plus élevé de stigmatisation a, lui, 8 % de probabilité en moins d’être sous traitement ARV (antirétroviral) qu’un HSH vivant avec le VIH dans la région avec le niveau le plus faible de stigmatisation. Les chercheurs-es ont découvert que plus la région avait un niveau de vote élevé contre l’ouverture du mariage aux couples homosexuels, moins les outils de prévention au VIH étaient utilisés. Les chercheurs-ses précisent que ces données sont à mettre en perspective avec la situation socio-économique des personnes.
« Cette étude est la première à donner une preuve empirique que la stigmatisation structurelle a un impact direct sur la prévention et le soin liés au VIH chez les hommes gays et bisexuels en Australie », concluent les chercheurs-ses. Les auteurs-rices préconisent une stratégie de santé publique, affinée par régions, afin d’améliorer l’accès à la Prep, au dépistage et aux ARV chez les hommes gays et bisexuels qui vivent dans les régions avec le niveau de stigmatisation le plus élevé.