Source : Le Nouvelliste
La Covid-19 a affecté tous les programmes de lutte contre les maladies infectieuses en Haïti. De la rareté des médicaments contre la tuberculose au début de la pandémie à la difficulté pour des personnes vivant avec le VIH (PVVIH) de se rendre dans les centres de santé, plus d’un craignait une recrudescence de ces maladies en cette fin d’année. Cependant, selon un rapport chiffré publié par le Programme national de lutte contre les IST/VIH/Sida, la situation n’est pas trop alarmante pour les PVVIH.
Malgré un financement revu à la baisse au fil des années, le Programme national de lutte contre le VIH/Sida a fait des efforts considérables pour réduire le plus possible la transmission de la maladie. L’objectif du pays pour arriver à contrôler cette maladie se résume à travers la règle des « 90-90-90 » à l’horizon 2020.
« À l’horizon 2020, 90% des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut sérologique; 90% de toutes les personnes infectées par le VIH dépistées reçoivent un traitement antirétroviral durable; 90% des personnes recevant un traitement antirétroviral ont une charge virale durablement supprimée», avait recommandé le conseil de coordination du programme de l’ONUSIDA.
Si l’objectif n’a pas été atteint dans son intégralité en Haïti, le rapport chiffré du MSPP en la matière fait état d’une situation qui s’améliore. « Au 30 septembre 2020, 79% des PVVIH connaissent leur statut, 95% des PVVIH connaissant leur statut reçoivent un traitement antiretroviral et, 85% des PVVIH sous traitement ont une charge virale durablement supprimée», peut-on lire dans ce rapport du MSPP.
Selon les enquêtes EMMUS, sérosentinelle du MSPP et IBBS, la prévalence du VIH dans la population haïtienne des 15 à 49 ans est de 2%, soit 2.3% pour les femmes contre 1.6% pour les hommes pour un total de 160 000 personnes. «Les plus fortes prévalences ont été signalées chez les femmes enceintes (3.2%); les professionnels de sexe (8.7%) et les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (12.9%).»
Les données analysées en 2019 permettant de faire des estimations en 2020 rapportent que « sur les 160 000 PVVIH, le nombre de décès est estimé à 2 700.»
Pour les enfants de moins de 15 ans, environ 8 200 vivent avec le VIH. La couverture en ARV de ces enfants est estimée à 45%. Partant du mois d’octobre 2019 à septembre 2020, 577 000 personnes ont été testées pour le VIH, 18 645 se sont révélées positives. Parmi cette catégorie, 87% des femmes enceintes vivant avec le VIH sont placées sous ARV.
L’autre aspect de ce rapport qui attire l’attention, c’est la difficulté du pays à améliorer considérablement le pourcentage de rétention des patients placés sous traitement antirétroviral. À ce jour, seulement 79% des personnes restent sous ARV suivant le protocole de traitement.
La coïnfection tuberculose/VIH est assez redoutable dans le pays ; pour l’année 2020, 96% des patients tuberculeux ont été testés pour le VIH. Le taux d’incidence de la tuberculose chez les PVVIH est 19 pour 1000 avec un taux de positivité de 16% contre un taux de mortalité de 14%.
Si l’année 2020 a été difficile pour les différents programmes du MSPP, l’offre de services n’a pas diminué selon ce rapport du PNLS. « Il existe sur le territoire national 179 centres de dépistage du VIH, 143 centres offrant le service de prévention de la transmission de la mère à l’enfant et 165 centres de prise en charge aux ARV», peut-on lire dans le dernier bulletin informatif du programme de lutte contre le Sida.