Source : REMAIDES
Marianne a 61 ans. Elle vit avec le VIH depuis 1987. Sasha, de son côté, a 30 ans. Il vit avec le VIH depuis 2014. Ils ne se connaissent pas et ne se sont jamais parlé. Aujourd’hui, ils participent à un entretien croisé.
Dans quelles circonstances avez-vous découvert votre séropositivité et quelles ont été les répercussions sur votre vie, les premiers temps ?
Marianne : En 1987 je vivais en Guyane et, suite à une crise d’herpès fulgurante, mon gynécologue m’a fait faire un test VIH qui est revenu positif. À l’époque, le sida, c’était une maladie honteuse et sale pour la société. C’était un véritable coup de massue, la terre s’est écroulée sous mes pieds. J’avais un petit garçon de 18 mois, né d’une ancienne relation. Je venais de me marier avec mon nouveau conjoint et j’avais le désir d’un deuxième enfant avec lui. Un chercheur de l’Institut Pasteur de Cayenne m’a annoncé que je pouvais espérer quatre ans à vivre, seul recul que j’avais à l’époque. Trois ans après cette annonce, je pensais qu’il ne me restait plus qu’un an, alors je suis partie seule en voyage pendant cinq mois en Thaïlande. Je me suis dit qu’il fallait que je profite de la vie, je ne me sentais pas malade et j’avais besoin de faire le point, me ressourcer.
Sasha : Je n’étais même pas né, mais j’essaie de me projeter. Tu avais quoi comme traitement ?
Marianne : Il n’y avait aucun traitement efficace à l’époque. J’ai échappé à l’AZT, c’était un traitement très toxique, mais qui permettait aux malades en stade sida d’avoir un peu de sursis. Je m’estime très chanceuse d’être toujours là aujourd’hui. C’est mon mari qui m’a transmis le VIH. Ce non-dit a été insupportable pour moi et nous avons fini par divorcer.
Source : REMAIDES