Source : La Montagne
Chaque année, depuis 2009, l’association de lutte contre le sida, Sidaction fait réaliser un sondage* auprès des jeunes de 15-24 ans sur l’information et la prévention du sida. La désinformation croît sur le sujet. On rétablit la vérité pour dix de leurs croyances.
Pourquoi cet article ? Une étude IFOP réalisée auprès de 1.002 jeunes de 15 à 24 ans montre que les croyances erronées sont encore nombreuses en ce qui concerne le sida. A quelques jours du week-end du Sidaction, pour lever des fonds pour la recherche contre le sida, Antiviral décrypte ce qui est vrai et faux autour de la transmission du virus.
1. « L’épidémie du sida est contenue »
Faux. Selon le sondage Ifop, 54% des jeunes interrogés pensent que l’épidémie est contenue. Pourtant, d’après Santé publique France, en 2019, 6.200 personnes en France ont découvert leur séropositivité. Parmi elles, 26% étaient à un stade très avancé de la maladie. Ainsi sur 6,2 millions de tests de séropositivité effectués en France, 1 sur 1.000 était positif. Ceci représente une diminution de 7% par rapport à 2017. Mais ce chiffre se maintient au dessus de la barre des 6.000 depuis 2010. En 2020, en raison de l’épidémie de Covid-19, le nombre de dépistages a été bien inférieur. Malgré le nombre élevé de dépistages réalisés en France, Sidaction estime à 24.000 le nombre de personnes ignorant être porteuses du VIH aujourd’hui.
Dans le monde, la situation est aussi problématique selon l’association Sidaction : « En 2019, le monde comptait ainsi 38 millions de personnes vivant avec le VIH, dont 1,8 million d’enfants. Avec 1,7 million de personnes nouvellement infectées en 2019, nous sommes encore loin des moins de 500.000 nouveaux cas, but fixé pour 2020 par l’ONUSIDA. » C’est même la première cause de mortalité des femmes de 15 à 49 ans dans le monde. On ne peut donc pas dire qu’elle est contenue.
2. « Il y a de moins en moins de contaminations chez les 15-24 ans »
Faux. C’est, en tout cas, ce que pensent 41% des répondants à l’enquête IFOP. Or, sur le site Internet du Sidaction, reprenant des chiffres de Santé publique France, on peut lire que « les personnes âgées de moins de 25 ans représentent 13% des découvertes et celles de 50 ans et plus, 21%. Des proportions similaires à celles observées en 2017-2018. »
3. « Il existe un médicament pour guérir du sida »
En partie faux. Aujourd’hui, 25% des jeunes interrogés par ce sondage le pensent (ils n’étaient que 13% en 2009). Pour déjouer cette croyance, il faut repréciser les stades de la maladie : lorsqu’une personne est contaminée par le VIH (virus de l’immunodéficience humaine), les cellules de son système immunitaire se détruisent et elles ne peuvent plus lutter contre les infections. On parle de sida lorsque le malade atteint les stades les plus avancés de l’infection à VIH. C’est une pathologie à évolution lente.
Il n’existe pas à proprement parler de médicaments contre le sida et les personnes atteintes n’en guérissent pas, mais des traitements permettent de ralentir l’évolution du VIH vers le sida, et des infections qui s’y associent. Il s’agit des médicaments antirétroviraux, souvent sous forme de trithérapie, avec trois types de médicaments. Celle-ci a permis de faire diminuer de plus de 75 % le développement des infections opportunistes et du passage au stade ultime (sida) de l’infection. Mais la recherche en la matière se poursuit.
4. « Il existe un vaccin pour empêcher la transmission du virus «
Faux. C’est ce que croient 17% des personnes qui ont répondu à l’enquête IFOP. Malheureusement, en matière de recherche d’un vaccin qui lutte contre le VIH, les laboratoires du monde entier ont été beaucoup moins efficaces que pour celui contre le Covid-19. Quarante ans après la découverte de ce virus, il n’existe toujours pas de vaccin. La raison ? « Parce que d’un point de vue scientifique et technique, la mise au point de ce produit est éminemment plus complexe… », selon le professeur Jean-Daniel Lelièvre, chercheur spécialiste de la vaccination et chef de service des maladies infectieuses de l’hôpital Henri-Mondor à Créteil, dans une interview publiée sur le site du Sidaction. La recherche estime qu’il faudra encore plusieurs années pour parvenir à un vaccin.
5. « Il existe un traitement d’urgence si on a pris des risques en ne se protégeant pas »
Vrai. Beaucoup des jeunes interrogés (63%) l’ignorent, mais en cas de prise de risque lors de rapports sexuels, après un contact important avec le sang d’une personne (pour les soignants par exemple), ou pour les usagers de drogue en cas de partage du matériel d’injection, il est possible de prendre un TPE, un traitement post-exposition, d’urgence. Il doit être pris de préférence dans les 4 heures et au plus tard dans les 48 heures après un risque de transmission afin de réduire les probabilités d’infection. Il faut se rendre à l’hôpital.
6. « En observant attentivement une personne, on peut savoir si elle a le sida »
7. « On peut attraper le sida en s’asseyant sur des toilettes publiques, en buvant dans le verre d’une personne séropositive, en lui serrant la main… »
FauxEn la matière, les connaissances des personnes interrogées se dégradent par rapport à celles du panel interrogé en 2015. D’après IFOP, dans la partie de l’enquête relative à la transmission du virus, on peut citer que 23% pensent que le virus se propage par la cuvette des toilettes publiques (ils n’étaient que 13% à penser cela en 2015). Pour 32% des sondés, le virus se transmet en ayant des rapports sexuels protégés avec une personne séropositive (27% en 2015 avaient déclaré la même chose).
Alors, non, non et non ! La transmission du virus se fait uniquement de trois façons :
- La voie sexuelle lors de rapports vaginaux, buccaux ou anaux non protégés
- La voie sanguine, lorsqu’il y a échange de sang
- De la mère à l’enfant pendant la grossesse, l’accouchement et l’allaitement.
8. « La pilule contraceptive, la prise de paracétamol protègent du sida »
Faux. Les résultats du sondage en la matière sont effarants : 21% pensent que prendre la pilule contraceptive est efficace contre la transmission du VIH. Ils sont 14% à penser la même chose pour la prise de paracétamol, et 18% estiment efficace ou plutôt efficace les produits de toilette intime contre le virus. Le seul moyen de se protéger du VIH, lors des rapports sexuels, est d’utiliser un préservatif, qu’il soit masculin ou féminin. Les répondants sont quand même 90% à penser que le préservatif masculin est efficace contre le virus, mais ce chiffre a diminué de 8 points par rapport à 2015.
9. « De moins en moins de personnes utilisent des préservatifs »
Vrai. C’est en tout cas la conclusion qu’on peut tirer des réponses à l’enquête IFOP. Ils ne sont que 34% à avoir déclaré en utiliser systématiquement, alors qu’ils étaient 53% en 2019. Dans l’enquête de 2021, 31% déclarent n’en utiliser jamais.
10. « Les jeunes sont moins bien informés qu’il y a quelques années sur le sida »
Vrai. Et c’est le principal enseignement de ce sondage, au vu de l’évolution des croyances erronées sur la question depuis quelques années. Les jeunes interrogés eux-mêmes le disent : en 2009, ils étaient 89% à juger être bien informés sur la question, ils ne sont plus que 67% aujourd’hui. Plus inquiétant encore, 49% ignorent où se rendre pour faire un dépistage du VIH. Enfin, si en 2009, 13% des jeunes interrogés n’avaient jamais bénéficié d’une sensibilisation sur le sida au cours de la scolarité, ils sont aujourd’hui 23%. Pour y remédier, Antiviral vous conseille les sites de Sida info service et du Sidaction.
*Ce sondage a été réalisé par Sidaction dans le cadre du #Sidaction2021.