Source : TÊTU.COM
La PrEP pâtit de l’épidémie de coronavirus. La délivrance du traitement préventif contre le VIH est en diminution de 36% par rapport aux attentes. Le secteur associatif peine à mobiliser.
Les répercussions de la crise sanitaire sont innombrables. Depuis le début de l’épidémie de Covid-19, on constate une forte baisse de délivrances de PrEP : elles sont en baisse de 36% par rapport aux projections fixés selon un communiqué de l’APM. Et la lutte contre le VIH peine à sortir du confinement… La situation n’est pas encore alarmante, mais elle pourrait rapidement le devenir.
Fin mars toutes, 3.000 traitements étaient prescrits contre 5.500 avant le confinement. Après le confinement, soit entre le 11 mai et le 13 septembre, on constate d’une baisse de 19% des délivrances de PrEP par rapport à ce qui était attendu.
Cela représente un déficit de 27 435 délivrances de PrEP par rapport à ce qui était escompté. Du temps perdu dans la lutte contre le VIH. Car les nouveaux PrePeurs étaient, avant le confinement, en hausse de 32% par rapport à aux chiffres observés en 2019. Mais une chute de 47% par rapport à 2019 a été constatée pendant le confinement.
Baisse de l’activité des CeGIDD
Une partie de cette diminution s’explique par la reconduction automatique des ordonnances pendant le confinement. Mais on remarque également une forte baisse des demandes de prescriptions. Plusieurs raisons expliquent ces chiffres. Selon les assos, de nombreuses personnes ont repoussé leur passage à l’hôpital de peur d’être contaminé par le virus. D’autant que les prises de rendez-vous n’étaient pas considérées comme prioritaires. « Les infectiologues ont été particulièrement mobilisés sur le Covid-19. En parallèle, on a pu voir une baisse importante de l’activité des CeGIDD (les centres d’information, de diagnostic et de dépistages gratuits, ndlr) », indique Aurélien Beaucamp, président de Aides.
Le plus souvent, c’est lors de ces dépistages que les médecins peuvent informer sur la PrEP. Certes, depuis le déconfinement, l’activité a repris, mais les horaires d’ouverture restent bien souvent restreints. « C’est compliqué d’aller se faire dépister après le travail. Or, tester le plus grand nombre, ça fonctionne pour faire baisser les nouvelles contaminations« , insiste le président de l’association.
Une campagne de sensibilisation nécessaire
Actuellement, une expérimentation est en cours pour pouvoir se faire dépister gratuitement et sans ordonnance dans les laboratoires d’analyse. Mais une fois encore « les laboratoires sont entièrement mobilisés sur le coronavirus. C’est impensable de leur demander de tester à échelle massive pour le VIH ».
Un décret se fait également toujours attendre pour que les médecins de ville puissent prescrire la PrEP en première intention (aujourd’hui, ils ne peuvent que renouveler une ordonnance). Ce décret, actuellement examiné par le Conseil d’État, devrait être publié d’ici la fin de l’année, « sous réserve d’aléas dûs à la crise Covid« , souligne une source ministérielle.
Alors, pendant le confinement, Aides a multiplié les auto-test envoyés par courrier. Une solution qui ne permet malheureusement pas de toucher un public éloigné de la sensibilisation au VIH. Aides souhaite que le gouvernement mette en place une campagne grand public de sensibilisation. « Il ne faudrait pas qu’une épidémie en cache une autre. C’est aujourd’hui très compliqué de mobiliser sur un autre thème que le Covid. La santé publique ne peut pas reposer uniquement sur les associations. Il faut sensibiliser car on est bien en deçà de l’objectif de 40.000 personnes qui prennent la PrEP.« , insiste-t-il.