Source : libération.fr
L’assurance maladie a présenté, ce mercredi, une cartographie médicalisée des dépenses de santé. Avec en filigrane la question des prix qui explosent pour certains médicaments.
La Sécu, dit volontiers le cliché, manque parfois de cœur. En tout cas, elle ne manque pas de chiffres, surtout lorsqu’elle se sert de sa gigantesque base de données. Ce mercredi, elle les a présentés une cartographie des dépenses de santé, avec un focus sur trois pathologies.
D’abord, un rappel : le poids massif des maladies chroniques. En 2017, ce sont en effet près de 20 millions d’assurés qui ont recours «à des soins liés à la prise en charge d’une pathologie spécifique, très souvent chronique, ou en raison de la prise d’un traitement médicamenteux spécifique au long cours».
Les maladies mentales engendrent les dépenses les plus élevées avec plus de 20 milliards d’euros, suivies par les cancers et les pathologies cardioneurovasculaires qui tournent autour de 14 milliards. Entre 2012 et 2017, confirme l’assurance maladie, l’augmentation des dépenses est essentiellement liée au vieillissement de la population qui entraîne un nombre plus élevé de personnes soignées, mais aussi à des traitements plus chers dans le cas de certaines pathologies comme le cancer.
Forte hausse pour le cancer du poumon
Les chiffres sont impressionnants : «En 2017, 1 188 500 patients ont été pris en charge pour un cancer en phase active de traitement.» C’est un nombre en augmentation constante depuis 2012. «En 2017, les dépenses en lien avec ces cancers en phase active représentent 14 milliards d’euros, soit 10% de toutes les dépenses», note l’assurance maladie qui a fait un focus particulier sur le cancer du poumon, celui-ci coûtant globalement 1,6 milliard d’euros en 2017, soit 20 050 euros en moyenne par an et par patient. «Ce cancer est caractérisé par une forte augmentation de la dépense», note la Sécu. Avec une hausse de 461 millions d’euros entre 2012 et 2017, soit plus de 40,5%. Dont 233 millions d’euros entre 2016 et 2017. «Cette dernière hausse s’explique en très grande partie par l’arrivée de nouveaux traitements», insiste la Sécu. Sachant qu’on parle là de données de 2017, or ces nouveaux traitements se sont diffusés massivement depuis.
Baisse côté VIH, pas forcément rassurante
Globalement, les dépenses engendrées par la prise en charge du VIH ont légèrement baissé. «En 2017, 131 800 personnes ont bénéficié d’une prise en charge pour un traitement de l’infection par le VIH», pour un coût de 1,3 milliard en 2017, soit un peu moins de 10 000 euros en moyenne par patient et par an. Dont 85% sont consacrés aux médicaments. «En termes d’évolution, la dépense moyenne par patient a baissé depuis 2012, précise la Sécu, où elle était en moyenne de 11 000 euros. Ceci résulte notamment d’une baisse importante de la dépense des médicaments, à la suite de baisses des prix et à l’arrivée de génériques.»
Au passage, l’assurance maladie note qu’entre 2012 et 2017 le nombre de patients concernés a augmenté de 16 800. Pendant la même période, il y a eu plus du double de nouvelles contaminations, ce qui veut dire qu’au moins la moitié de ces nouveaux patients ne sont pas traités. Or une personne séropositive bien traitée n’est plus contaminante. On comprend dès lors qu’en France les contaminations se poursuivent à un haut niveau.
Le diabète gagne du terrain
«En 2017, 3,2 millions de personnes ont été traitées en France pour un diabète. On observe que les hommes sont plus souvent concernés que les femmes et que le pourcentage de personnes diabétiques est le plus élevé dans les régions du nord et de l’est comme dans les territoires ultramarins». La dépense correspondant à ces prises en charge est de 7 milliards d’euros, soit une dépense annuelle moyenne de 2 160 euros par patient. «Les dépenses ont augmenté en moyenne de 2,5 % par an entre 2012 et 2017, essentiellement en raison de la croissance du nombre de patients.»
Autant de chiffres et de tendances qui, comme le mentionnait le professeur Olivier Lyon-Caen, médecin-conseil de l’assurance maladie, devraient «permettre de mieux définir des priorités de santé publique».