La version 2017 du calendrier des vaccinations et des recommandations vaccinales a été publiée par le ministère des Affaires sociales et de la Santé.
Elaboré chaque année à partir des recommandations du Haut Conseil de Santé publique (HCSP), ce document est une référence pour les professionnels de santé en termes de stratégie vaccinale.
Le calendrier vaccinal 2017 se démarque de la version précédente par de nouvelles recommandations concernant les vaccinations contre les infections à méningocoque, à papillomavirus humains, à pneumocoque, la varicelle et le BCG.
Un nouveau chapitre a par ailleurs été créé à propos des adaptations vaccinales en situation de pénurie qui affecte notamment les vaccins contre la coqueluche, l’hépatite A, l’hépatite B et le BCG.
Parution du calendrier vaccinal 2017
Publié le 24 avril 2017 sur le site du ministère des Affaires sociales et de la Santé, le nouveau calendrier vaccinal comporte quelques innovations, basées sur les avis du Haut Conseil de la Santé publique (HCSP), qui concernent notamment :
- la vaccination contre le méningocoque de sérogroupe C,
- la vaccination des nourrissons contre le pneumocoque,
- la vaccination contre la tuberculose,
- la vaccination contre le papillomavirus,
- la stratégie de vaccination en situation de pénurie de vaccins contre la coqueluche, l’hépatite A, le BCG et l’hépatite B
Contre le méninocoque du sérogroupe C : une dose de vaccin supplémentaire à l’âge de 5 mois
Selon le Pr Daniel Floret (Président du comité technique des vaccinations 20107-2016), leprogramme de vaccination contre le méningocoque de sérogroupe C, mis en place en 2010, est un échec.
En effet, la couverture vaccinale n’a pas été suffisante pour permettre l’installation d’uneimmunité de groupe « sensée protéger les petits nourrissons les plus affectés par la maladie et qu’il avait été décidé de ne pas vacciner pour éviter d’alourdir le calendrier vaccinal« .
En conséquence l’incidence de la maladie a augmenté de manière « difficilement acceptable » dans cette tranche d’âge, conduisant à introduire une dose de vaccin supplémentaire à l’âge de 5 mois, suivi d’une 2e injection à l’âge de 12 mois, en utilisant le vaccin NEISVAC (intervalle minimal de 2 mois entre les 2 doses).
Cette modification serait transitoire s’il était enfin décidé de vacciner la population cible jusqu’à l’âge de 24 ans, comme recommandé par le HCSP (Cf. Avis du HCSP, 9 décembre 2016 et notre article du 2 février 2017).
Contre les infections à pneumocoque : un schéma vaccinal unique pour toutes les « populations à risque«
L’incidence des infections à pneumocoque a diminué dans toutes les tranches d’âge, y compris chez les adultes, grâce à une couverture vaccinale élevée chez les nourrissons.
Sur la base de « données nouvelles d’efficacité du vaccin conjugué chez les adultes âgés et d’une étude médico-économique indépendante, mais aussi dans un but de simplification« , la vaccination selon un schéma unique reste recommandée pour les « personnes à risque ».
Suite à l’avis du HCSP du 10 mars 2017, les personnes à risque d’infection à pneumocoque recouvrent une population plus large que celle des patients immunodéprimés: les patients porteurs d’autres facteurs de risque d’infection à pneumocoque en font désormais également partie.
Tuberculose : ne vacciner les enfants à risque qu’à partir de l’âge de 1 mois
La vaccination par le BCG (BCG-SSI, actuellement en rupture de stock) chez des nouveau-nés porteurs d’un déficit immunitaire combiné sévère non diagnostiqué les exposent à des risques de complications graves (BCGite généralisée).
Ce risque est par ailleurs majoré si cette vaccination est pratiqué avant l’âge de 1 mois alors que les nourrissons sont par ailleurs très rarement victimes d’une infection précoce par le bacille de Koch.
En conséquence, il est recommandé de pratiquer cette vaccination à partir de l’âge de 1 mois, et idéalement au cours du 2e mois, à l’exception des enfants originaires de Guyane, de Mayotte ou ayant un membre de l’entourage atteint d’une tuberculose récente (moins de 5 ans), pour lesquels la vaccination est recommandée avant la sortie de la maternité.
Par ailleurs, la pratique d’une IDR (intradermoréaction) à la tuberculine prévaccinale n’est plus recommandée chez les enfants de moins de 6 ans, à l’exception de ceux ayant résidé ou effectué un séjour de plus d’un mois dans un pays de forte incidence de la tuberculose.
Papillomavirus : priorité à la couverture vaccinale des filles
Concernant la vaccination contre le papilloma virus humain (HPV), la priorité est donnée à l’augmentation de la couverture vaccinale des filles chez qui cette vaccination est recommandée de 11 à 14 ans et, dans le cadre du rattrapage, entre 15 et 19 ans.
A ce titre, la vaccination généralisée des garçons n’a pas été retenue.
Cependant, il est recommandé de proposer cette vaccination, dans les centres publics de vaccination (notamment les Centres Gratuits d’Information, de Dépistage et de Diagnostic), à titre gracieux jusqu’à l’âge de 26 ans aux hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes (HSH) chez qui le risque de cancer anal lié à l’HPV est important.
Cette vaccination peut être réalisée indifféremment avec l’un ou l’autre des deux vaccins actuellement disponibles, l’un bivalent (CERVARIX), l’autre quadrivalent (GARDASIL).
Un 3e vaccin nonavalent, GARDASIL 9, sera prochainement commercialisé et le HCSP recommande son utilisation chez les jeunes filles et les jeunes femmes non antérieurement vaccinées ainsi que chez les HSH, dès lors qu’il sera disponible et remboursable.
Quelle stratégie vaccinale à l’heure des ruptures d’approvisionnement ?
L’application et la crédibilité de la politique vaccinale sont actuellement mises en cause « dangereusement », selon le Pr Floret, en raison des multiples ruptures d’approvisionnement des vaccins auxquelles les vaccinateurs et le public sont confrontés depuis plusieurs années.
Les vaccins actuellement concernés sont :
- les vaccins contenant la valence coqueluche
- les vaccins contre l’hépatite A
- les vaccins contre l’hépatite B
- le BCG
Une hiérarchisation des populations prioritaires à vacciner, des schémas vaccinauxpermettant d’économiser des doses ou le recours à des vaccins destinés à d’autres payset jusque là non utilisés en France, sont proposés pour chacun de ces vaccins (Cf. Calendrier des vaccinations et recommandations vaccinales 2017, page 34-40).
Sources : vidal.fr