Source: univadis.fr
Cette étude de large envergure montre que la prise d’antidépresseurs est associée à une augmentation de poids, notamment durant les six premières années de prescription. Durant la seconde année, ce risque est augmenté de 46% par rapport à la population générale.
À retenir
Cette étude reflète une tendance sur une décade, cependant les classes les plus anciennes sont plus souvent associées à une prise de poids que les molécules plus récentes. Ainsi, si les conclusions de cette étude mettent en avant que l’utilisation répandue des antidépresseurs pourrait contribuer à long terme à l’augmentation du poids moyen d’une population, il convient de prendre un peu de recul et de remettre dans son contexte ces données.
Pourquoi est-ce important ?
Entre 1975 et 2014, au niveau mondial, la prévalence de l’obésité est passée de 3,2% à 10,8% chez les hommes et de 6,4% à 14,9% chez les femmes. Les Etats-Unis et le Royaume-Uni présentent les plus forts taux d’obésité dans le monde, avec 69% et 61% d’adultes obèses ou en surpoids respectivement. La prescription d’antidépresseurs a également fortement augmenté durant cette période et l’obésité est associée à la dépression. Des études à court terme ont suggéré une association entre la prise d’antidépresseurs et le gain de poids, mais aucune donnée robuste évaluant l’influence de la prise d’antidépresseur au long cours sur le poids n’était disponible jusqu’à présent, d’où l’intérêt de ce travail.
Principaux résultats
Un peu plus de 136.000 hommes et 157.000 femmes issus d’une base de données de soins primaires britanniques ont été inclus : 13,0% des hommes et 22,4% des femmes (âge moyen à l’inclusion 51,5 ans) avaient une prescription d’antidépresseurs.
La prise d’antidépresseurs était fortement associée à la catégorie d’IMC, avec une faible consommation pour les sujets présentant un poids normal (13,9%) et une augmentation de cette consommation avec l’augmentation de l’IMC pour atteindre 26,5% de prescriptions pour ceux qui avaient un IMC ≥45 kg/m2. La prise d’antidépresseurs était supérieure en cas de comorbidités ou de co-prescriptions associées, notamment avec un diagnostic d’AVC ou de diabète et avec une prescription d’antiépileptiques ou d’antipsychotiques. La prise d’antidépresseurs était également plus fréquente chez les sujets qui fumaient et ceux en situation de précarité.
Durant la période de suivi, le risque d’une augmentation du poids ≥5% était augmenté de 21% chez les sujets sous antidépresseurs versus ceux qui ne l’étaient pas : incidence de 11,2/100 personnes-années versus 8,1/100 personnes-années, ratio de taux de 1,21 [1,19-1,22], p<0,001.
Le risque de gain de poids était tout particulièrement important durant les six premières années de traitement, avec un risque augmenté de 46% la seconde année et de 48% la troisième année, avant de diminuer progressivement.
Méthodologie
Cette étude de cohorte est basée sur l’une des plus larges bases de données disponibles au niveau mondial concernant les soins primaires (UK Clinical Practice Research Datalink). Les données utilisées proviennent d’un échantillon d’environ 294.000 sujets et ont permis d’évaluer l’augmentation du poids et le passage du surpoids à l’obésité chez des individus âgés de 20 ans et plus, traités par antidépresseurs. Les individus inclus devaient avoir bénéficié d’au moins 3 mesures d’IMC entre 2004 et 2014. Les résultats ont été ajustés sur l’âge, le sexe, la dépression, les comorbidités, la coprescription d’antiépileptiques et d’antipsychotiques, la précarité, le tabagisme et l’alimentation.
Principales limitations
Ces associations ne sont pas causales et des facteurs de confusion peuvent contribuer à leur surestimation.