Source : Catie
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Le traitement initial de l’infection au virus de l’hépatite C guérit habituellement 95 % des personnes qui le suivent
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Les personnes dont le régime initial a échoué ont toutefois besoin d’autres options
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Vosevi, combinaison à dose fixe de trois médicaments en un comprimé, a guéri 96 % des personnes traitées une deuxième fois
Jusqu’environ 2015, le traitement de l’infection chronique au virus de l’hépatite C (VHC) consistait en une injection hebdomadaire de l’interféron alpha, et l’intervention pouvait durer jusqu’à 48 semaines. L’interféron agissait indirectement contre le VHC en aidant le système immunitaire à détruire les cellules infectées par le virus. Ce traitement n’avait cependant qu’une efficacité modeste et causait des effets secondaires désagréables qui devenaient parfois débilitants.
En 2015, plusieurs combinaisons de médicaments antiviraux qui ciblaient directement le VHC sont arrivées sur le marché du Canada et d’autres pays à revenu élevé. On appelle les médicaments en question des antiviraux à action directe (AAD). Ces derniers se prennent par voie orale, habituellement une fois par jour, pour une période de 8 à 12 semaines.
Nombre d’essais cliniques ont révélé la très grande efficacité des AAD, lesquels permettent d’obtenir des taux de guérison de 95 % ou plus dans de nombreux cas.
Chez un faible pourcentage des personnes traitées, cependant, un premier traitement par AAD peut échouer. Les raisons de l’échec peuvent varier d’une personne à l’autre et inclure les facteurs suivants, entre autres :
- la souche particulière du VHC, c’est-à-dire le génotype
- l’ampleur des lésions hépatiques
- le régime utilisé
- la présence de virus ayant acquis une résistance à certains médicaments anti-VHC
À propos de Vosevi
Vosevi est le nom de marque d’un comprimé qui contient à la fois les trois médicaments anti-VHC suivants :
- sofosbuvir
- velpatasvir
- voxilaprévir
Comme Vosevi contient trois AAD différents (la plupart des traitements anti-VHC couramment utilisés en contiennent deux), il est généralement réservé pour le traitement des personnes dont le régime d’AAD initial a échoué à guérir l’infection.
Au Canada
Une équipe de médecins canadiens ayant une expérience de la prise en charge des personnes vivant avec le VHC ont collaboré à une étude pour explorer l’efficacité de 12 semaines de traitement consécutives par Vosevi chez 128 personnes dont le régime d’AAD précédent avait échoué.
Quatre-vingt-seize pour cent des personnes en question ont guéri sous l’effet de Vosevi.
Détails de l’étude
Les personnes qui ont participé à cette étude étaient inscrites au réseau CANUHC (Canadian Network Undertaking Against HCV).
Ce groupe de 128 personnes avait le profil moyen suivant au début de l’étude :
- âge : 58 ans
- 80 % d’hommes, 20 % de femmes
- principaux génotypes du VHC : génotype 1 – 60 %; génotype 2 – 3 %; génotype 3 – 30 %; génotype 4 – 5 %; génotype 6 – 1 %
- co-infections : 7 % avaient à la fois le VHC et le VIH; 2 % avaient le VHC et le VHB; deux personnes avaient les trois virus
- indice de masse corporelle (IMC) : 28
- 44 % avaient des cicatrices étendues dans le foie (cirrhose)
- 10 % avaient éprouvé des symptômes de la cirrhose dans le passé
- 19 personnes avaient des antécédents de cancer du foie, dont trois se trouvaient aux prises avec une récurrence du cancer au moment du deuxième traitement
Traitements antérieurs
Les traitements couramment utilisés dans le passé incluaient les suivants :
- Epclusa (sofosbuvir + velpatasvir) : 27 %
- Harvoni (sofosbuvir + lédipasvir) : 27 %
- Zepatier (elbasvir + grazoprévir) : 13 %
Seulement 7 % des 128 personnes avaient utilisé plus d’un régime d’AAD dans le passé.
Résultats
Dans l’ensemble, 12 semaines de traitement par Vosevi ont permis d’obtenir un taux de guérison de 96 % (123 personnes sur 128).
Toutes les personnes qui avaient utilisé Harvoni ou Zepatier auparavant ont guéri sous l’effet du traitement par Vosevi.
Taux de guérison dans les sous-groupes
- Chez 56 personnes atteintes de cirrhose, 95 % (53) ont guéri de l’hépatite C.
- Treize personnes avaient éprouvé des symptômes de la cirrhose avant l’introduction de Vosevi. Aucune d’entre elles n’a vécu de récurrence de ces symptômes, et 12 personnes sur 13 (92 %) ont guéri de l’hépatite C.
- Chez 26 personnes, on a ajouté de la ribavirine au régime de Vosevi, soit parce qu’elles avaient utilisé une combinaison de sofosbuvir et de velpatasvir dans le passé, soit parce qu’elles avaient acquis une résistance complexe aux AAD ou souffraient de cirrhose. L’équipe de recherche a toutefois affirmé que « l’ajout de la ribavirine n’a permis d’observer aucun bienfait clair, et les taux de [guérison] étaient semblables qu’elle ait été utilisée ou pas ».
Échec thérapeutique
Chez cinq personnes (4 %), le traitement par Vosevi a échoué. Selon l’équipe de recherche, les personnes dont le deuxième traitement a échoué avaient tendance à présenter « au moins deux des facteurs suivants » :
- génotype 3 du VHC (ce génotype risque de ne pas répondre au traitement dans tous les cas)
- présence de cirrhose
- greffe de foie dans le passé
- traitement antérieur par une combinaison de sofosbuvir + velpatasvir
- combinaisons complexes de mutations conférant la résistance au VHC
Effets secondaires et complications
Aucun effet secondaire grave n’a été signalé, et aucune personne n’a cessé prématurément de prendre Vosevi à cause d’effets secondaires ou de l’apparition de symptômes de la cirrhose.
À retenir
Cette étude canadienne confirme la très grande efficacité de Vosevi en dehors des essais cliniques. Comme les personnes sélectionnées pour l’étude avaient vécu un échec thérapeutique auparavant, Vosevi avait un obstacle très élevé à surmonter. Bien que la vaste majorité des personnes recevant des AAD comme traitement de première intention contre le VHC guérissent, le traitement initial échoue malheureusement chez quelques-unes. À mesure que davantage de médecins s’habitueront à l’usage de Vosevi, on peut espérer que les raisons pour lesquelles une faible minorité des personnes traitées ne guérissent pas deviendront plus claires.