Source : Seronet
On le sait, le Tasp (traitement comme prévention), ça marche ! Une personne vivant avec le VIH sous traitement avec une charge virale indétectable ne transmet pas le VIH, c’est un consensus scientifique depuis les résultats de l’étude Partner et c’est même devenu un slogan U=U (undetectable = untransmittable) dans les pays anglo-saxons et I=I (indétectable = intransmissible) dans les pays francophones. Mais quel impact a ce message sur une des communautés les plus touchées par le VIH, les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) ? Une étude récente répond à cette question.
L’étude en question a été publiée dans le journal of Aids Patient Care et reprise dans un article du site d’infos VIH Aidsmap. Une équipe de chercheurs-es, menée par le Dr Jonathon Rendina de l’Université de New York, a voulu savoir comment le message « U=U » impactait l’estime de soi des hommes gays et bisexuels vivant avec le VIH et leur perception de la stigmatisation liée au VIH dans la société.
Pour répondre à ces questions, ils-elles ont conçu un questionnaire en ligne destiné aux HSH séropositifs. Le questionnaire a été largement diffusé, à travers les réseaux sociaux et les applications de rencontres pour hommes qui cherchent des hommes, à partir du début de l’année 2018 et jusqu’à fin 2019. Au final, les chercheurs-es ont récolté les données de 30 361 participants avec un âge moyen de 38 ans.
Se sentir mieux par rapport à son statut sérologique
Ce sont 85 % des participants qui ont déclaré avoir une charge virale indétectable, 10 % ont dit qu’elle était détectable et 5 % n’étaient pas certains de leur niveau de charge virale au moment de remplir le questionnaire. Les données récoltées montrent, sans ambiguïté, l’aspect bénéfique du message U=U chez les participants. Presque 82 % des répondants ont déclaré que le message U=U leur permettait de se sentir mieux par rapport à leur statut sérologique, y compris 59 % qui ont déclaré se sentir beaucoup mieux depuis qu’ils savaient qu’ils ne pouvaient pas transmettre le VIH.
En ce qui concerne la stigmatisation liée au VIH et la sérophobie, 79 % des répondants pensent que faire connaitre ce message au plus grand nombre permettrait de réduire la stigmatisation, tandis que 18 % pense que ça n’aurait pas d’impact. Les résultats de cette étude montrent que les participants avec une charge virale indétectable sont ceux qui sont le plus réceptifs au message U=U et ceux qui considèrent le plus leur observance au traitement comme « excellente ». D’autres facteurs associés à une bonne adhésion au message U=U sont le fait d’être en couple séro-différent, d’avoir des partenaires multiples ou des relations sexuelles sans préservatif.
Préconiser une large diffusion du message U=U par les professionnels de santé
La majorité des participants, 71 %, a déclaré qu’elle connaissait le slogan « U=U » tandis que 24 % n’en avaient jamais entendu parler. Les sources d’informations principales du message « U=U » étaient des sites d’informations spécialisés dans le VIH (55 %) et des profils d’utilisateurs d’applications de rencontres (51 %). Deux tiers des répondants ont déclaré qu’ils avaient déjà discuté de la charge virale et du risque de transmission avec un-e professionnel-le de santé.
Les auteurs-es de l’étude préconisent une large diffusion du message « U=U » par les professionnels-les de santé, que ce soit auprès des personnes séronégatives pour lutter contre la sérophobie, mais aussi et surtout chez les personnes vivant avec le VIH pour renforcer leur estime de soi, leur confiance en soi et leur motivation à bien prendre leur traitement pour atteindre une charge virale indétectable et maintenir ce seuil.
Source et références : Rendina HJ et al. Treatment is more than prevention: perceived personal and social benefits of Undetectable = Untransmissable messaging among sexual minority men living with HIV. Aids Patient Care and STDs, 34: 444-51, 2020 (open access).