Source : JIM
Le grand âge et les comorbidités cardiovasculaires pèsent lourd dans le pronostic de la Covid-19. Les états d’immunosuppression augmentent également la sévérité de l’infection virale. L’infection par le VIH est un modèle du genre car elle s’accompagne d’un déficit immunitaire lié à la maladie au travers de la destruction des lymphocytes T4 par le virus. C’est à ce mécanisme pathogénique que répondent les antirétroviraux qui vont améliorer les fonctions immunitaires sans nécessairement les restaurer intégralement au prix d’effets indésirables qui augmentent le risque cardiovasculaire.
Le diabète et les dyslipidémies, mais aussi l’insuffisance rénale chronique et les maladies respiratoires viennent assombrir le pronostic qui dépend également de conditions socio-économiques souvent défavorables. Pour toutes ces raisons, les interactions entre l’infection par le VIH et la Covid-19 sont plus que probables, mais les quelques études publiées sur ce sujet n’ont pas permis de conclure formellement, les effectifs étant insuffisants ou l’approche transversale manquant de rigueur. Les résultats se sont avérés d’ailleurs contradictoires
Les patients VIH+ sont plus jeunes et ont moins de comorbidités
Les deux groupes différaient quelque peu à l’état basal, les patients VIH+ étant plus jeunes (âge médian 56 versus 75 ans ; p<0,001), moins symptomatiques et atteints de moins de comorbidités. Sur le plan biologique, chez ces derniers, les concentrations plasmatiques de lymphocytes étaient en outre plus élevées, tout comme ceux de la CRP. La mortalité cumulée au 28e jour a été globalement similaire dans les deux groupes, soit 26,7 % (VIH+) versus 32,1 % (VIH-) (p = 0,16).
Surmortalité à J28 pour les moins de 60 ans
Cette étude transversale ne prétend pas faire toute la lumière sur les connexions entre Covid-19 et infection par le VIH. Il semble néanmoins qu’au prix d’ajustements multiples et serrés, la séropositivité soit associée à une surmortalité significative, tout au moins chez les patients hospitalisés en raison d’une infection sévère par le SARS-CoV-2. Le risque vital serait nettement plus élevé chez les moins de 60 ans. Des résultats qu’il conviendrait de confirmer par des études longitudinales difficiles à mener dans le contexte de l’infection à VIH. En attendant, ces notions méritent d’être prises en compte dans la prise en charge de la Covid-19.
Dr Philippe Tellier