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Virus de l’immunodéficience humaine (VIH) : la virologie au service de la prévention

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Source : seronet.info

Surveiller de façon continue les virus VIH au niveau national, c’est important. C’est ce qu’indiquent les travaux du docteur Benoît Visseaux (virologue, Hôpital Bichat, unité Inserm UMR 1137) soutenus par l’ANRS dans le cadre de l’action coordonnée 43 (AC43) (1), sous la direction de Marie-Laure Chaix (CNR VIH).

Ces travaux, présentés lors de la 26e Croi (Conference on retroviruses and opportunistic infections), attestent qu’une « analyse moléculaire fine des virus VIH permet de mieux surveiller l’épidémie en France ». Cette étude a inclus 1 121 personnes infectées entre 2014 et 2016, note un communiqué de l’ANRS. Elle met en évidence une augmentation de la circulation des virus d’un sous-type encore minoritaire : le sous-type CRF02_AG. Les personnes infectées par ces virus ont souvent une charge virale plus élevée laissant suggérer une diffusion plus rapide des virus de sous-type CRF02_AG, indiquent les travaux. Par ailleurs, la comparaison génétique des virus permet également d’identifier dans 41 % des cas des groupes de personnes appartenant à un réseau de transmission appelés « clusters ».

Autrement dit, les infections se produisent au sein d’un même groupe fermé.

Les chercheurs-euses comparent la « séquence nucléotidique des virus VIH » (2). A partir de ces informations, il leur est possible d’établir un arbre phylogénétique (3). Ce qui permet, d’une part de surveiller l’évolution de la diversité des virus et d’identifier de nouveaux virus recombinants (des virus de sous-types différents qui, associés, en créent un autre) et d’autre part d’identifier des groupes de personnes infectées par des souches phylogénétiquement proches. « Ces groupes constituent des clusters de transmission récente (ou CTR), groupes de personnes infectées par des virus très proches, souvent dans un même lieu ou région ou selon un même mode de transmission », précise le communiqué. Ces clusters permettent de disposer de données précises concernant les profils, localisations, vitesse de transmission et taille de ces épidémies le plus souvent de taille réduite, mais parfois massives.

Des informations qui se précisent

En se fondant sur l’analyse génétique des VIH ayant infecté 1 121 personnes entre 2014 et 2016 (population composée de 90 % d’hommes dont 70 % d’hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes), le docteur Benoît Visseaux et ses collègues montrent que la prévalence du sous-type CRF02_AG augmente d’année en année en France. « Sa proportion est passée de 14 % avant les années 2010 à 22 % en 2016 », indique l’ANRS. La charge virale des personnes infectées par ce virus est significativement plus élevée que chez les personnes infectées par les virus de sous type B majoritaire en France. Ce sous-type CRF02 est également plus représenté dans les clusters comprenant un grand nombre de patients (supérieur ou égal à quatre patients). « Ces résultats pourraient laisser suggérer une capacité de ce sous-type à diffuser plus rapidement », avancent les chercheurs-euses. Si on compare les résultats aux personnes qui ne sont pas incluses dans des clusters de transmission, les personnes appartenant à l’un de ces clusters sont en plus grande proportion des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes et sont plus jeunes.

Délimitation d’un espace de propagation

Près de la moitié des clusters de transmission récente étudiés sont localisés à Paris et 31 des 39 clusters de grande taille (4 à 14 personnes) identifiés en France incluent des personnes diagnostiquées à Paris. « L’analyse des clusters de transmission du VIH permet d’identifier les populations et les zones géographiques où ces virus se diffusent rapidement. Cela devrait permettre de  déclencher des actions de dépistage, de traitement et de prévention spécifiques », avancent les chercheurs-euses. Aujourd’hui, les virologues de l’action cordonnée 43 de l’ANRS travaillent, en association avec Santé Publique France, à « la mise en place d’un réseau de surveillance national visant à identifier les lieux et modes de transmission les plus à risque, en vue d’une prévention davantage ciblée permettant d’enrayer la progression de l’épidémie de VIH ».

(1) : L’action coordonnée 43 de l’ANRS est consacrée à la virologie médicale
(2) : La séquence d’un acide nucléique — ADN ou ARN — est la succession des nucléotides qui le constituent.
(3) : Un arbre phylogénétique est un arbre schématique qui montre les relations de parenté entre des groupes d’êtres vivants, en l’occurrence, ici, des virus.
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