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Près d’une personne sur deux n’oserait pas embrasser un séropositif : il faut continuer à lutter contre les clichés !

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Source : neonmag.fr

Peut-on vivre comme tout le monde lorsque l’on est porteur du VIH ? Au regard des avancés thérapeutiques, la réponse est oui. Pourtant, les personnes séropositives font face à une autre difficulté : les discriminations. Un rejet motivé par la peur et la méconnaissance de la transmission du virus du Sida, enracinées dans les consciences, comme le prouvent ces chiffres récents.

Certes, vivre avec le VIH est plus simple qu’autrefois. Les traitements sont moins lourds, moins contraignants. Pourtant, les clichés ont la vie dure, comme le révèle une étude menée en Grande-Bretagne par YouGov UK pour l’association caritative Terrence Higgins Trust, spécialisée dans la santé sexuelle et le VIH.

Menée en juin 2018 sur un échantillon de plus de 2000 personnes, l’étude rapporte que, sur une application de rencontres, 35% des personnes interrogées choisiraient de rejeter une personne porteuse du VIH sous traitement efficace, tandis que 31% des personnes affirment qu’elles ne sauraient pas quoi faire face à une telle situation.

Un simple baiser pose aussi problème : 43% pensent qu’ils seraient mal à l’aise s’ils embrassaient une personne porteuse du VIH sous traitement effectif. Alors même que les scientifiques et les organismes de prévention répètent depuis plus de deux décennies qu’il est impossible de l’attraper en embrassant quelqu’un. Ni même, d’ailleurs, en ayant une relation sexuelle avec une personne sous traitement et dont la charge virale est indétectable (ce que permettent les traitements actuels).

Peur du virus, fausses croyances et discriminations

En 2016, l’étude « Partner » – « Partenaire » en français – avait examiné 58 000 cas de relations sexuelles entre des personnes porteuses du VIH sous traitement efficace et des personnes non contaminées. Et, sans surprise, aucun cas de transmission n’avait été constaté.

Ce sondage ne met pas au jour une découverte révolutionnaire, comme l’explique le Réseau canadien d’info-traitements sida (CATIE), en lien avec l’Agence de la santé publique du Canada : « Les études menées auprès de couples sérodifférents (un partenaire est séropositif et l’autre est séronégatif) révèlent que, lorsqu’il est utilisé régulièrement et correctement, le TAR – traitement antirétroviral – est une stratégie hautement efficace pour prévenir la transmission sexuelle du VIH, autant pour les couples hétérosexuels que pour les couples masculins de même sexe. »

POUR 87% DES PERSONNES INTERROGÉES, LES RISQUES D’ATTRAPER LE VIH EST ÉLEVÉ LORS D’UN RAPPORT SEXUEL NON PROTÉGÉ AVEC UNE PERSONNE SÉROPOSITIVE SOUS TRAITEMENT

Une réalité visiblement encore peu assimilée par les Britanniques. Mais pourtant simple à comprendre. En fait, si l’on prend un traitement antirétroviral, le virus va beaucoup moins se répliquer dans le corps. Ses copies deviennent si peu nombreuses que le virus en devient indétectable et non-transmissible. Si le traitement est bien pris et que la charge virale est indétectable depuis plus de six mois, il n’y a alors aucun risque.

Malgré un consensus dans la communauté scientifique, 55% des personnes interrogées pour Terrence Higgins Trust pensent qu’il est possible de transmettre le virus lors d’un rapport sexuel non protégé, même si la charge virale est indétectable.

Et la France ?

De l’autre côté de la Manche, en France, ce n’est pas mieux. Selon un sondage réalisé pour l’association Aides par l’institut CSA sur un échantillon de 1000 Français âgés de 18 ans et plus,  87% des personnes interrogées ont déclaré qu’une personne séropositive sous traitement a de fortes chances de transmettre le virus à son partenaire en cas de rapport sexuel non protégé. Paradoxalement, 89% des répondants pensent qu’une personne séropositive peut avoir une vie sexuelle comme tout le monde.

« Ces contradictions mettent en lumière un décalage entre des perceptions générales majoritairement favorables à l’égard de la séropositivité, et des représentations plus contrastées quand elles induisent un degré de proximité ou d’implication personnelle avec une personne vivant avec le VIH », est-il mentionné dans le rapport. Par exemple, 21% des parents assurent qu’ils seraient mal à l’aise si le professeur de leur enfant était séropositif. Et la majorité parce qu’ils ont peur que leur enfant soit infecté.

Le plus inquiétant est que cette méconnaissance est très présente chez jeunes Français, alors même que cette génération a connu les campagnes de sensibilisation à ce sujet et que le virus a été découvert il y a bientôt quarante ans. C’est notamment ce que montre un sondage Ifop-Bilendi pour Sidaction de mars 2018 : il révèle notamment que 21% des jeunes pensent que le VIH peut être transmis en embrassant une personne.

Malgré tout, les jeunes en sont conscients et souhaiteraient en savoir plus sur le sujet : 20% d’entre eux s’estiment mal informés (2018), soit une augmentation de 9 points par rapport à 2009. En France comme au Royaume-Uni, le combat contre les clichés semble aller encore moins vite que celui contre le virus.

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