Source: jim.fr
Malgré les mesures de prévention et les traitements disponibles, les infections sexuellement transmissibles (IST) restent un problème de santé publique important.
En Europe, 25 % des gonorrhées, 50 % des syphilis et 90 % des lymphogranulomatoses vénériennes touchent des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH). A Paris, 90,8 % des cas de syphilis et 69,3 % des gonorrhées sont observés dans cette population. Deux études se sont intéressées à l’évolution récente des IST parmi les HSH VIH+.
29,3 % de co-infections sexuellement transmissibles
Les HSH VIH+ suivis à l’hôpital Foch de Suresnes ont chaque année un dépistage systématique des hépatites B et C ainsi que de la syphilis. En cas de symptomatologie clinique de type urétrite, pharyngite, proctite, ils peuvent également bénéficier d’un test de dépistage pour Chlamydia trachomatis et Neisseria gonorrhea. En cas de cytolyse hépatique, la sérologie de l’hépatite A est ajoutée.
Les données recueillies sur 2 périodes, de 2008 à 2011 et de 2012 à 2015 ont été analysées. Les caractéristiques démographiques étaient similaires dans les 2 groupes. Dans la période 2008 à 2011, 14 % des HSH VIH+ avaient au moins une IST. Cependant, ce chiffre a augmenté à 29,3 % entre 2012 à 2015 (p < 0,001).
Le détail de l’étude révèle une incidence multipliée par 3 en ce qui concerne la syphilis, les urétrites et les hépatites C (HCV). Environ 2/3 des syphilis détectées étaient asymptomatiques. La moitié des sérologies HCV positives étaient dues à des réinfections d’hépatites C guéries spontanément ou après traitement. Toutes étaient asymptomatiques et aucunes n’étaient liées à l’utilisation de drogues intraveineuses. Assez peu de cas d’hépatites A et B ont été constatés probablement liés à une protection vaccinale.
Selon une équipe néerlandaise, qui fait le point sur les co-infections avec le HCV, la prévalence de 5,6 % en 1995 est passée à 20,9 % en 2008. L’augmentation des comportements à risque à l’ère du tout connecté est proposée comme explication d’une telle croissance.
De plus, ils soulignent les co-infections avec le papillomavirus (HPV). Aux Pays-Bas, l’incidence des infections à HPV à haut risque est de 73,5 % chez les HSH VIH+ comparativement à 37,2 % chez les HSH VIH-.
Comment y remédier ?
L’augmentation importante des IST chez les HSH VIH+ met en exergue des comportements sexuels à risque. Elle montre également que les conseils de prévention sont insuffisants pour diminuer le risque d’IST.
Les auteurs français concluent sur l’importance de régulièrement dépister les IST pour diminuer les complications de l’évolution naturelle de ces infections et limiter leur propagation. Mais que cela a un coût et que peut-être l’utilisation d’un score clinique permettrait d’identifier les patients les plus à risque et d’améliorer la stratégie de dépistage.
Les auteurs néerlandais eux, soulignent que les traitements ne seront jamais suffisants sans une diminution des comportements sexuels à risque.
Rédigé par Dr Sylvie Coito