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Comment la saison 8 de Skam aborde avec justesse le sujet du VIH.

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Source : Konbini Biiinge

L’épisode 4 de la saison 8 de Skam a révélé qu’un des personnages était porteur du VIH.

Dans la grande tradition de Skam, la version française diffusée avec succès depuis 2018 propose pour chacune de ses saisons de se centrer sur un personnage, et d’aborder à travers lui une thématique sociétale importante. Lancée le 3 mai dernier sur France.tv Slash, la saison 8 ne semblait pas déroger à la règle. Parmi la nouvelle génération d’adolescent·e·s – introduite dans une saison 7 centrée sur le personnage de Tiffany Prigent (Lucie Fagedet) et son déni de grossesse –, on allait cette fois s’intéresser au quotidien compliqué de Bilal Cherif (Khalil Ben Gharbia) et aborder la question de la précarité des jeunes.

En effet, dans les premiers épisodes, le jeune homme se retrouve sans domicile fixe avec son petit frère, tandis que sa mère, partie travailler dans le Sud, ne se doute de rien. Il se retrouve alors à squatter dans les caves du lycée. De peur d’être séparé de son frère ou d’attirer des ennuis à sa mère, il ne se résout pas à partager sa situation, ni avec les instances scolaires, ni avec la Mif, ni même avec son meilleur ami, Redouane (Abdallah Charki).

Toujours aussi juste dans sa peinture de l’adolescence, cette saison 8 de Skam ne résume pas le personnage de Khalil à sa condition précaire. Le jeune homme continue de coudre ses vêtements, montrant une appétence certaine pour des métiers de la mode, et se lie un peu plus intensément avec le personnage de Jo (Louise Malek). Mais la jeune femme aussi semble cacher un secret qui la ronge. Finalement, après quelques malentendus, dans l’épisode 4 diffusé le 28 mai dernier, l’adolescente se confie à Khalil. « En fait, j’ai le VIH », lui explique-t-elle. La série propose donc une deuxième thématique forte dans sa saison 8, et c’est une première.

À la base, on devait centrer la saison sur la précarité. Mais à la suite d’un sondage qui parlait de la hausse des contaminations du VIH en France chez les jeunes, la chaîne a décidé d’inclure cette thématique du sida à travers un autre personnage », m’explique Shirley Monsarrat, la réalisatrice de cette saison 8 (également de la saison 7).

Comme pour chaque thématique abordée dans Skam, la production se met à la recherche d’une personne consultante, experte du sujet. Ce sera Sylvain, membre de l’association Séropotes.

Il a épaulé les scénaristes pour la crédibilité du récit. Il a raconté sa propre histoire, comment il l’a vécue, le regard des autres, et ainsi, il a pu aiguiller la psychologie du personnage de Jo. Le sida et le VIH, on vit avec, mais c’est surtout le regard des autres qui joue. Après ce travail avec les scénaristes, on a organisé une rencontre entre Sylvain, Khalil et Louise pour qu’ils puissent échanger. Ils ne connaissaient pas du tout le sujet. Il est venu une après-midi, et ils ont pu lui poser toutes les questions qu’ils avaient en tête. Pour Louise, ça lui a donné de précieuses informations pour interpréter des scènes comme l’annonce ou le problème du traitement. On a fait ce travail avant le tournage. »

« Les jeunes n’y pensent pas du tout. Pour eux, ça n’arrive qu’aux autres »

Skam France a toujours été applaudie pour sa faculté à explorer la jeunesse française dans toute sa diversité. La série a ainsi proposé plusieurs personnages LGBTQ+, une communauté particulièrement touchée par le VIH. Pourtant, c’est un personnage hétérosexuel, Jo, qui contracte le virus dans cette saison 8. Shirley Monsarrat explique ce choix :

« On avait tous très envie de voir une histoire d’amour entre Jo et Bilal. Et ça nous semblait intéressant d’avoir un couple hétérosexuel plutôt qu’un couple homosexuel à nouveau. On a eu beaucoup de films et de séries sur le sujet déjà*. Et même si les sondages le montrent, beaucoup d’homos sont touchés par le sida, mais pas que.

Et pour moi, ça va au-delà du sida, il s’agit de parler à travers cet arc narratif des MST (maladies sexuellement transmissibles) en général. Les jeunes n’y pensent pas du tout. Pour eux, ça n’arrive qu’aux autres. Cette pensée est très ancrée. »

Dans ce même épisode (S08E04), Jo explique à Khalil qu’elle n’a couché qu’avec un seul garçon et, comme elle prenait la pilule, elle n’a pas jugé nécessaire de mettre un préservatif (son partenaire non plus). Elle ne l’a pas encore dit à ses parents. Elle détaille aussi les effets secondaires de son traitement : de nombreuses insomnies et des vomissements. Skam assure à travers ce genre de scène une transmission pédagogique sur un sujet lourd, de la façon la plus réaliste et fluide possible dans le récit. Mais ce n’est pas toujours une mince affaire, confirme la réalisatrice.

« Ces scènes ne sont jamais faciles à jouer. Ce sont souvent les répliques les moins appréciées des acteurs et actrices, mais elles sont hyper importantes, et on a des scénaristes qui se débrouillent vraiment bien pour rendre ces scènes intéressantes. En saison 7, on avait le rendez-vous chez la gynécologue, où tu apprends comment se passe un déni de grossesse.

On essaie de trouver des mises en scène captivantes. On passe par les émotions, on essaie de ne pas alourdir une scène d’informations mais de les disséminer au fur et à mesure. On a aussi la chance d’avoir un public hyper curieux. Il est en demande d’apprendre des choses. Les fans mettent des commentaires du genre : ‘Ah ça, je ne savais pas, je l’ai appris.’ Ces scènes qui peuvent paraître un peu lourdes, un peu pédago, sont en fait hyper appréciées parce que les fans en ressortent contents d’avoir appris quelque chose. C’est toujours cool à observer. »

On ne saluera jamais assez le travail de représentation fantastique qu’effectue Skam France, l’une des rares séries à mettre en scène l’adolescence française dans toute sa diversité et toute sa complexité, en n’oubliant pas d’y ajouter du cœur, de l’humour et de précieuses informations sur des sujets sensibles trop peu abordés par les instances officielles et qui pourtant les concernent directement.

La saison 8 de Skam est diffusée tous les vendredis sur la plateforme France.tv Slash.

*On pense aux séries et films It’s a Sin, 120 battements par minute, The Normal Heart, Angels in America ou encore Philadelphia.

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