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Les antirétroviraux ne protègent pas du Covid-19 !

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source : seronet

Alors que l’idée d’une fragilité supérieure des personnes vivant avec le VIH face au Covid-19 s’immisce dans l’opinion, une autre rumeur tente de faire son trou : les antirétroviraux protègeraient du coronavirus les personnes séropositives sous traitement. Sans fondement scientifique, elle ne doit pas se diffuser et faire renoncer aux seules certitudes actuelles : se confiner et se protéger via les gestes barrières.

On pouvait le craindre, mais le tâtonnement (logique) des scientifiques quant à un traitement efficace contre le Covid-19, laisse la place à certaines rumeurs sur des médicaments qui pourraient « protéger » du coronavirus. Parmi elles, l’idée que les trithérapies, antirétroviraux efficaces pour contrôler le VIH, seraient à même de prémunir d’une éventuelle contamination au Covid-19. Si la question de l’éventuelle vulnérabilité supérieure des personnes vivant avec le VIH peut encore être discutée, faute de recul médical suffisant dans cette épidémie, il faut être très clair quant à une prétendue protection des antirétroviraux : c’est non ! Les personnes séropositives sous traitement anti-VIH ne bénéficient pas d’un « bouclier viral » grâce à leur traitement, qui permet simplement de contrôler la charge virale et de maintenir les défenses immunitaires.

Mais pourquoi alors ? Bruno Spire, chercheur à l’Inserm et ancien président de AIDES, l’explique : « Les traitements anti-VIH ciblent spécifiquement certaines enzymes virales du VIH, pour une grande efficacité et ne pas provoquer des effets indésirables. À partir de là, sans aucune expérimentation, il est très peu probable d’affirmer qu’on est protégé contre le Covid-19. Il n’y a aucune raison de le supposer en l’absence de données ».

Kaletra la (seule) piste hypothétique

Seul le médicament anti-VIH Kaletra (ritonavir + lopinavir) est aujourd’hui à l’étude et pourrait avoir un effet. Cet inhibiteur de protéase pourrait avoir des similitudes dans son action contre certains composés du VIH et du Covid-19, qui le rendraient intéressant à investiguer. Mais à l’heure actuelle, c’est « de l’ordre du peut-être », alerte Bruno Spire. Le chercheur veut être catégorique, à l’aune des connaissances actuelles : « Ce n’est pas parce qu’il y a une piste sur le lopinavir/ritonavir que tous les antirétroviraux sont potentiellement protecteurs ou curatifs de l’infection de ce coronavirus ».

En attendant d’avoir plus d’éléments sur une fragilité des personnes vivant avec le VIH (cette réponse donnée par le journal Le Parisien est très claire) ou une hépatite virale, les mesures sanitaires et le confinement s’appliquent de la même façon aux personnes séropositives qu’à la population générale. « Les données sur les interactions entre VIH et Covid-19 sont quasi-inexistantes, les seules recommandations sont celles du grand public. On en saura plus à l’avenir, mais d’ici là, on applique la règle générale ».

Et Bruno Spire de résumer d’une phrase : « Il va falloir observer puis comparer les chiffres d’hospitalisation et de mortalité entre personnes séronégatives et séropositives sous traitement ».

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