source : JDD
LE VRAI DU FAUX – Sur Twitter, le directeur de l’Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales, François Dabis, a écrit le 28 février : « Il faut une glassnost sur l’épidémie de VIH/Sida en Russie. 37.000 décès dans l’année! » Ce chiffre est exact.
Ce nombre de décès annoncé par le directeur de l’Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales (ANRS) concerne 2018. Cité par plusieurs médias, il provient des travaux mis en avant par le Russe Vadim Pokrovski, chef du Centre fédéral scientifique et méthodologique de prévention et de contrôle du sida. Selon l’AFP, en Russie, plus de 1,1 million de personnes vivent avec le virus de l’immunodéficience humaine, ou VIH (à différencier du syndrome de l’immunodéficience acquise, ou sida, dernier stade de l’infection par le virus).
Elles seraient plus de 1,4 million en 2019, selon les données préliminaires du Centre fédéral publiées sur son site. Selon Pokrovski, 103.000 nouveaux diagnostics ont été effectués en 2018 en Russie, sur 144,5 millions d’habitants. En comparaison, la même année en France (67 millions d’habitants), 6.200 personnes ont été diagnostiquées, selon Santé publique France.
En 2019, la moitié des Russes diagnostiqués ont reçu un traitement antirétroviral
Le chiffre cité par François Dabis a été récemment cité par un youtubeur star en Russie, Iouri Doud. Sa vidéo HIV in Russia, publiée le 11 février, a été visionnée plus de 16 millions de fois. Et a fait exploser sur Google le nombre de recherches en russe des mots « acheter test sida ». Le nombre de personnes se présentant pour un dépistage a considérablement augmenté dans certaines villes. Et l’intérêt pour les tests à domicile a bondi. « Nous abordons les problèmes que les gens évitent ou dont ils ont honte de parler, justifie Doud. Comme l’épidémie de VIH et le sida ; seuls certains activistes en parlent. » Et pour cause : de nombreuses ONG de prévention sont qualifiées d' »agents de l’étranger » par la Russie, ce qui complique leur fonctionnement.
Ce coup de projecteur, salué par des hauts fonctionnaires, n’apporte pas de solution durable à l’épidémie. « Nous avons besoin d’actions constantes et pérennes pour sensibiliser au VIH, et de programmes pour systématiser les dépistages et les traitements », commente Alexander Goliusov, directeur pour l’Europe de l’Est et l’Asie centrale à l’Onusida. En 2019, selon le Centre fédéral, seuls la moitié des Russes vivant avec le virus ont reçu un traitement antirétroviral, qui permet de vivre normalement et de ne plus le transmettre.