source : nouvelle catie
- En prenant ses médicaments comme ils sont prescrits, une personne atteinte du VIH peut vivre longtemps et en bonne santé
- Une étude a révélé que les personnes séropositives âgées avaient plus de difficulté à gérer leurs médications
- Elles étaient également moins susceptibles de signaler leurs difficultés à leurs professionnels de la santé
- Au Canada et dans d’autres pays à revenu élevé, la grande accessibilité des traitements du VIH puissants (TAR) a donné lieu au déclin considérable et durable des maladies et des décès liés au sida. Le TAR est tellement puissant que les chercheurs s’attendent à ce que de nombreuses personnes séropositives aient une espérance de vie quasi normale.Il est toutefois à noter que les risques de problèmes liés à l’âge — maladies cardiovasculaires, diabète, etc. — augmentent à mesure que les utilisateurs du TAR vieillissent. Par conséquent, il est très probable que les personnes séropositives d’âge moyen ou âgées finiront par prendre d’autres médicaments en même temps que le TAR.Depuis 15 ans, le traitement complet du VIH est offert en un seul comprimé, ou en quelques comprimés, qu’il est possible de prendre une seule fois par jour. Lorsque des médicaments pour des affections autres que le VIH sont ajoutés au régime d’une personne, elle risque d’avoir de la difficulté à se rappeler de les prendre. Cela est surtout le cas s’il est nécessaire de prendre certains médicaments à des heures différentes et/ou en respectant des consignes d’ordre alimentaire.À Saint-Louis, dans l’état du Missouri, des chercheurs se spécialisant dans l’étude de la santé cérébrale ont comparé la capacité des personnes âgées, séropositives ou pas, de gérer leurs médications et de planifier leurs prises de comprimés afin qu’elles aient lieu aux heures prescrites. Dans l’ensemble, les personnes séropositives avaient plus de difficulté à gérer la prise de leurs médications. Parmi les personnes séropositives, les facteurs liés aux problèmes de gestion des médications incluaient le fait d’avoir une charge virale élevée en VIH ou la co-infection au virus de l’hépatite C (VHC). Les chercheurs ont également constaté que certaines personnes séropositives âgées semblaient ne pas être en mesure de « décrire elles-mêmes les préoccupations qu’elles avaient à gérer des régimes de médication complexes ».
Détails de l’étude
Des infirmières ont recruté 146 personnes séropositives et 60 personnes séronégatives pour cette étude. Les participants séropositifs avaient le profil moyen suivant :
- âge : 58 ans
- 80 % d’hommes, 20 % de femmes
- années de scolarité : 14
- compte de cellules CD4+ : 534 cellules/mm3
- compte de cellules CD4+ le plus faible depuis toujours : 105 cellules/mm3
- charge virale indétectable (moins de 50 copies/ml) : 87 %
- durée de l’infection au VIH : 18 ans
- durée du TAR : 16 ans
- co-infection au VHC : 12 %
Les personnes présentant les caractéristiques suivantes ont été exclues de l’étude :
- antécédent de traumatisme crânien (blessure à la tête) avec perte de connaissance prolongée
- troubles de santé mentale majeurs : dépression grave, trouble bipolaire, schizophrénie
- infections cérébrales actives
- consommation de drogues autres que la marijuana
Les personnes séronégatives étaient à peu près du même âge que les personnes séropositives.Tous les participants ont passé les évaluations suivantes :
- évaluation neuropsychologique exhaustive
- évaluation objective de la gestion des médications : il s’agissait de questionnaires validés se rapportant à un régime simulé incluant des médicaments sur ordonnance et en vente libre; dans le cadre de cette évaluation, les participants devaient « manipuler un organisateur de comprimés conçu pour une semaine de médication »
- sondages au sujet de leurs médications et d’éventuels problèmes y étant reliés
Résultats
En moyenne, les personnes séropositives étaient plus susceptibles (42 %) d’éprouver des problèmes importants par rapport à la gestion de leurs médications que les personnes séronégatives (17 %).Les chercheurs ont constaté une association significative entre les facteurs suivants et les problèmes de gestion des médications :
- niveau d’alphabétisation plus faible
- difficulté à planifier et à organiser des tâches complexes
Lorsque les chercheurs ont analysé les facteurs biomédicaux, ils ont trouvé que les facteurs suivants étaient associés à des problèmes importants en ce qui avait trait à la gestion des médications :
- charge virale détectable en VIH
- présence de la co-infection au virus de l’hépatite C
De plus, chez les personnes séropositives ayant une charge virale détectable, le fardeau posologique avait tendance à être plus lourd (11 comprimés à prendre) que chez les personnes séropositives ayant une charge virale indétectable (huit comprimés).Suite à l’examen des différents résultats de tests et de sondages, les chercheurs ont conclu que les personnes séropositives âgées « sont peu susceptibles de décrire correctement leur capacité à gérer les médications qui leur ont été prescrites ». Ce constat a amené les chercheurs à affirmer ceci : « Il est important que les cliniciens reconnaissent que [les personnes séropositives âgées] puissent avoir besoin de plus d’attention et de temps afin qu’elles puissent gérer leur propre régime de médication de façon adéquate ».Les chercheurs encouragent les cliniciens à faire usage de l’information récente fournie par l’American Geriatrics Society au sujet de la prescription potentiellement inutile de médicaments à certaines personnes âgées. Selon les chercheurs, « un examen attentif et l’application d’une telle information par les cliniciens pourraient aider à réduire le nombre de médicaments potentiellement inutiles prescrits aux individus plus âgés, ce qui réduirait le fardeau posologique quotidien ».
Limitations
La présente étude a porté sur un seul moment dans le temps. Des études de plus longue durée et de plus grande envergure sur la gestion des médications par les personnes séropositives âgées seraient plus utiles pour être en mesure de déterminer la façon dont les problèmes se manifestent et s’ils changent au fil du temps. Dans cette étude, les chercheurs n’ont pas évalué la capacité des participants à prendre leurs propres médicaments. Il est possible que certaines personnes se soient habituées à prendre leurs médicaments et à les gérer d’une certaine manière une fois chez elles. Lorsqu’en guise de test durant l’étude le régime leur a été présenté, elles ont peut-être trouvé difficile de s’y familiariser, voire déroutant.Les chercheurs auraient pu prendre des mesures additionnelles, telle l’évaluation des dates de renouvellement d’ordonnances effectué dans les pharmacies. Il n’empêche que la présente étude fournit des données que l’on pourrait incorporer dans une demande de financement visant la tenue d’une étude plus grande et plus complète sur la complexité de la gestion des médications chez les personnes séropositives âgées.Les chercheurs n’ont pas mentionné le fait que certaines pharmacies acceptent d’emballer les médicaments dans des plaquettes alvéolées si les patients en font la demande. Ces plaquettes peuvent être divisées en jours de la semaine ou subdivisées en sections matinales ou d’après-midi ou en fonction d’un cycle différent. Les plaquettes alvéolées et d’autres interventions apparentées peuvent simplifier de beaucoup la gestion des médications.