Source : CorseMatin.fr
En cette saison, la fréquentation des centres de dépistage est importante et les médecins observent une hausse des infections sexuellement transmissibles. Mais les bénévoles ont du mal à faire entendre leur message de prévention
En été, on voit forcément défiler plus de monde, des jeunes et des moins jeunes, comme durant les fêtes de fin d’année », expliquent les secrétaires du centre de dépistage de l’hôpital de Bastia. Même son de cloche à Ajaccio au Centre gratuit d’information, de dépistage et de diagnostic des infections sexuellement transmissibles (CeGIDD) de Corse-du-Sud. « Nous n’arrêtons pas. Je passe ma journée à rendre des résultats », déclare le Dr Sylvie Ferrara.
Prévention combinée
Le dépistage, poursuit-elle, est partie intégrante de la prévention combinée mise en place par son service. Avec la possibilité, pour les personnes dont les partenaires sont à risques, d’un traitement de pré-exposition (PrEP), qui limite considérablement les risques de contamination au VIH et dont l’efficacité a été saluée fin juillet à Amsterdam, à l’occasion de la 22e Conférence internationale sur la santé.
La Corse, rappelle le Dr Sylvie Ferrara, est passée de la troisième région de France la plus touchée par le VIH dans les années 90, à l’une des régions les moins impactées, en termes de taux de découverte. « Il y a peut-être un phénomène de sous déclaration. Et nous avons observé une petite recrudescence liée à l’arrivée de personnes venues d’Europe de l’Est, d’Afrique et d’Asie », tempère toutefois le médecin.
La prévention des autres IST
De plus, comme partout ailleurs en France, et plus généralement en Europe, le nombre de personnes touchées par une infection sexuellement transmissible serait en augmentation : « Nous avons l’impression en Corse d’une hausse du nombre de dépistages positifs de la syphilis, notamment dans le milieu gay », note le Dr Danièle Belgodère de l’hôpital de Bastia qui assure le traitement gratuitement.
A Ajaccio, Sylvie Ferrara relève de son côté une hausse des infections de chlamydiae qui touchent essentiellement les adolescents et les jeunes adultes de 15 à 30 ans et qui peuvent, si elles ne sont pas soignées, entraîner l’infertilité.
Sur le terrain, les associations qui assurent la prévention du VIH et des infections sexuellement transmissibles ne sont pas légion.
Deux structures principales se dégagent, toutes deux basées en Corse-du-Sud : Aiutu Corsu et Corsica Sida. Cette dernière poursuit tant bien que mal sa mission l’été dans les zones sensibles, comme les campings, les lieux de rassemblement et de fêtes. Les discothèques, en revanche, ont disparu de leur champ d’action : « D’abord parce que dans le sud de l’île, il y en a de moins en moins, explique Dany Papi à la tête de l’association depuis plus de 20 ans. Ensuite parce que les jeunes ne sont plus du tout réceptifs à notre message. On reste jusqu’à 5 heures du matin avec nos préservatifs pour finalement nous entendre dire : « Oui, oui, c’est bon, merci, on sait »« , se désespère la bénévole.
Arrêt des subvention de l’ARS aux associations
En plus d’une jeunesse plutôt rétive aux préservatifs, le coup d’arrêt, il y a deux ans des subventions allouées aux associations par l’Agence régionale de santé, a fini d’achever les meilleures volontés parmi la quinzaine de bénévoles de Corsica Sida.
Au point que Dany Papi envisage de mettre la clé sous la porte : « On continue encore cet été. Mais c’est peut-être le dernier. Nous allons toujours dans les endroits les plus touristiques, dans les soirées gays où nous sommes invités, on distribue des préservatifs et on informe. Notre action est pourtant utile, on constate notamment une hausse en été de la prostitution masculine. Mais nous devons couvrir tout le sud et sans financement, c’est compliqué. On fait encore les vide-greniers et des lotos pour payer les frais. Mais au final, ça n’intéresse plus grand monde. »