Source: leparisien.fr
La 20e édition du festival francilien se tient ce week-end à Longchamp. Son président Luc Barruet revient pour nous sur quelques temps forts.
Bon anniversaire Solidays. Le festival fête ses 20 ans ce week-end à l’hippodrome de Longchamp avec une programmation flamboyante emmenée par David Guetta, BigFlo et Oli, Nekfeu, DJ Snake, ou encore Eddy de Pretto, Shaka Ponk et Niska. À cette occasion, Luc Barruet, 51 ans, patron de l’événement et de l’association Solidarité sida qui a créé ce rassemblement musical destiné à récolter des fonds revient sur quelques temps forts de ces deux décennies.
1999 : «Allô, c’est Jean-Jacques Goldman»
Pour la première édition, Goldman a joué avec Carole Fredericks et Michael Jones./Hahn Lionel/ABACA
« Goldman fait partie des gens qui nous ont permis de croire en ce festival. Le 1er décembre 1993, j’étais sur le plateau de Nulle part ailleurs sur Canal + avec les premiers parrains de Solidarité sida, Romane Bohringer et Yannick Noah. Le numéro qui est donné à l’antenne est le mien, celui de ma chambre de bonne. Après cette première apparition, mon répondeur est saturé, je passe mon temps à répondre à plein de gens qui veulent nous aider. Et au milieu des appels, j’entends : Allô, bonjour c’est Jean-Jacques Goldman.
Je voulais qu’il entre dans le conseil d’administration de l’association, il a préféré rester consultant. Il a assisté à beaucoup de réunions où on a commencé à envisager un festival pour sensibiliser les jeunes au problème du sida. Comme d’autres, il disait : Ça ne marchera jamais, on ne peut pas faire de festival à Paris… Pour la première édition, Goldman est venu et a joué avec Carole Fredericks et Michael Jones des reprises de rock et de country pendant quarante minutes. Quand il est sorti de scène, il m’a dit : Heureusement que tu ne m’as pas écouté. »
«Les stars anglo-saxonnes sont inaccessibles maintenant»
Le premier gros concert en France de Robbie Williams a eu lieu à Solidays. /LP / Andy Lecoq
« On n’a jamais été aussi anglo-saxons que lors de cette première édition. Les deux stars du moment étaient Robbie Williams et The Corrs et on a programmé les deux. Le premier gros concert en France de Robbie Williams a eu lieu chez nous. Il avait été sensible à notre cause. Aujourd’hui, c’est différent. Il faut beaucoup d’argent pour faire venir les stars, la concurrence entre les festivals est énorme et il y a beaucoup d’intermédiaires.
On ne sait pas si notre message sur l’esprit de Solidays leur parvient. Ce fut le cas par exemple avec Franz Ferdinand. Nous avions directement parlé avec le chanteur Alex Kapranos qui a tenu à venir en 2014. Le reste du temps, c’est plus difficile avec un budget total de 5 millions d’euros, soit moitié moins que les Vieilles Charrues, par exemple. C’est forcément plus simple avec les artistes français qui nous connaissent bien et jouent le jeu comme Jain, qui fera son retour ce week-end chez nous, ou Shaka Ponk qui a préféré venir à Solidays plutôt que de remplir un troisième Bercy. »
2004 : «Die-in» dans la boue
Tous les spectateurs s’étaient allongés, en solidarité avec des militants qui réclamaient l’accès au traitement./Luc Barruet
« Cette année-là, il a beaucoup plu. On était dans la boue. Et on avait prévu un die-in géant, c’est-à-dire que tous les spectateurs s’allongent par terre, en solidarité avec des militants qui réclamaient l’accès au traitement lors d’une conférence mondiale sur le sida à Bangkok. Mais vu le temps, ça ne semblait pas possible. Et puis, une militante du Togo, malade, qui n’en avait plus que quelques mois, a pris la parole et là on s’est dit il faut le faire. J’ai pris le micro et j’ai dit : On ne va pas être capable de mettre notre cul dans la boue ? Et tout le monde l’a fait. Ça montre que le festival sert d’abord à maintenir les consciences éveillées. »
«Après la défaite de la France au Mondial en 2006, tout le monde est parti»
Pour la finale France-Italie, des écrans géants avaient été installés./Luc Barruet
« Ce fut une catastrophe. La finale de la Coupe du monde entre la France et l’Italie est tombée le dernier soir, le dimanche. On ne pouvait pas faire sans. En 2006, on avait donc installé des écrans pour diffuser les matches et aménagé les horaires des dernières têtes d’affiche : Tryo et les Motivés. Il y a eu des prolongations, le fameux coup de boule de Zidane, les tirs au but et la défaite de la France. Et là, les gens… sont partis, dégoûtés. Ils n’ont pas attendu la fin des concerts. Les Motivés ont joué devant 800 personnes au lieu de 50 000 sur la grande scène. »
2014 : François Hollande est venu manger des huîtres
François Hollande est resté trois heures au festival./LP/Frédéric Dugit
« François Hollande est le seul Président à être venu à Solidays. On a été prévenu au dernier moment par un texto le dimanche midi. Il est resté de 16 à 19 heures. Il était bien, buvait du rosé et mangeait des huîtres avec nous. Il ne voulait plus partir. C’est même moi qui ai dit : Monsieur le Président, désolé, on a des choses à faire sur la grande scène… J’espère qu’Emmanuel Macron viendra ce week-end. C’est important pour les 2 400 bénévoles, les militants. Ça montre que l’on sert à quelque chose. En fait ça m’énerve que pour l’Élysée, seuls les salons du Bourget ou de l’Agriculture soient incontournables et pas Solidays alors que ce que l’on fait depuis vingt ans est exceptionnel et précieux. »
Solidays à partir de ce vendredi et jusqu’à dimanche. Places : 46,50 €. www.solidays.org.