Source : KOMITID
« La PrEP est un incroyable progrès, comme on en connaît peu en santé publique, un progrès susceptible de changer l’histoire de l’épidémie. »
La PrEP, le traitement préventif contre le VIH, est disponible en France depuis début 2016.
Mais selon les deux journalistes Sébastien Magro et Charles Roncier, elle mériterait d’être mieux connue pour être encore plus utilisée. S’ils ont appelé leur passionnant podcast sur la PrEP « La Bascule », c’est parce que, grâce à ce nouvel outil de prévention, on devrait pouvoir faire reculer le VIH en France. En 2019, la tendance était déjà là. On est donc à ce moment de bascule dans une épidémie vieille déjà de 40 ans dans les pays occidentaux. La bascule, c’est aussi ce qui se passe chez les utilisateurs de la PrEP, comme le raconte Benjamin dans le premier épisode : « On peut baiser sans avoir peur de mourir. Même si avant j’avais pas peur de mourir, mais en fait si. »
Les épisodes seront émaillés d’informations pertinentes sur la PrEP et à ce niveau-là, on peut faire confiance aux créateurs puisque Charles Roncier est depuis plus de dix ans rédacteur en chef adjoint de VIH.org
Ils ont répondu aux questions de Komitid.
Komitid : Pourquoi avoir créé ce podcast sur la PrEP ?
Sébastien Magro et Charles Roncier : La PrEP est un incroyable progrès, comme on en connaît peu en santé publique, un progrès susceptible de changer l’histoire de l’épidémie. Pourtant elle reste mal connue, en particulier chez les hétéros d’ailleurs, et certain⋅e⋅s doutent de sa réalité et de son efficacité quand on leur en parle.
En entendant les discussions autour de nous et les polémiques sur la PrEP, on s’est dit qu’il y avait finalement très peu de supports journalistiques qui donnent la parole aux personnes qui prennent la PrEP, en leur laissant le temps de raconter leur cheminement personnel dans leurs pratiques de prévention.
En France, le public initial de la PrEP, ce sont les HSH comme on dit en santé publique, des hommes qui ont des rapports sexuels avec d’autres hommes, quelle que soit la manière dont ils s’identifient. La plupart de nos témoignages proviennent donc des hommes gays et bis. Il y a encore peu de femmes sous PrEP, et c’est pour ça que leur témoignage est précieux.
Enfin, on veut aussi apporter un éclairage scientifique auprès d’auditeurs et d’auditrices qui ne sont probablement pas des spécialistes de la prévention, à travers des chiffres, des dates clés et des ressources pour approfondir le sujet, et pourquoi pas, commencer la PrEP.
Quels sujets allez-vous aborder ?
Déjà, le protocole lui-même est assez complexe pour les néophytes, donc on prend le temps de l’expliquer au fur et à mesure des témoignages. Nous souhaitons aborder l’aspect médical : les principales étapes au démarrage, les différents schémas, les effets indésirables éventuels, les infections sexuellement transmissibles, les réticences et les réactions des proches, etc.
On aimerait bien que « La Bascule » soit aussi l’occasion d’aborder des enjeux plus politiques : l’articulation entre la santé sexuelle et les discriminations comme le racisme et la transphobie, vieillir en ayant une vie sexuelle active quand on est homo, accéder à la prévention quand on est éloigné⋅e⋅s des grandes centres urbains, etc. On veut montrer comment cette prévention, en promouvant la santé sexuelle, s’inscrivait dans la la continuité de la lutte contre le VIH/sida.
Y a-t-il eu des difficultés à recueillir des témoignages ?
Nous avons trouvé rapidement des personnes prêtes à témoigner, souvent parce que la PrEP était un véritable progrès pour elles. La PrEP est disponible en France depuis plus de quatre ans à présent, elle commence à être identifiée par les concerné⋅e⋅s, qui sont plutôt à l’aise pour en parler. Pour être honnêtes, nos deux premiers témoins sont des amis, mais nous ne nous sommes pas contentés de nos proches et essayons de proposer comme témoignages des situations variées. Toutefois, il semble plus difficile pour les femmes qui prennent la PrEP de témoigner, déjà parce qu’il y en a encore peu, et par peur de la stigmatisation. D’ailleurs, si des « prépeuses » ont envie de témoigner, qu’elles n’hésitent pas à nous contacter, sur Twitter ou sur Instagram !